Nos structures travaillent dans une dimension internationale et d'excellence, sur un marché extrêmement concurrentiel et qui rapporte beaucoup. De plus en plus d'acteurs privés sont prêts à investir, en raison de la demande des familles qui recherchent un enseignement d'excellence. Il se trouve que le modèle français est souvent reconnu pour sa qualité, qui est intimement liée à la langue. Sur ce terrain, nous pouvons continuer d'être parfaitement complémentaires. Les demandes sont nombreuses. Une certaine fragilité se dessine car d'autres acteurs aujourd'hui se positionnent sur ce marché.
A l'avenir, la question est de savoir si les moyens que l'État met à disposition de l'enseignement français doivent être là pour répondre à toute la demande. Sans doute non. Comment opère-t-on alors ?
La Mission laïque française est complémentaire de l'AEFE. Avec la vigilance que nous exerçons, nous devrions éviter de nous placer en situation de concurrence.
Je voudrais souligner que trop souvent on considère de manière séparée le réseau scolaire et le reste. Nous gagnerions, sur le terrain, à travailler en coopération avec les instituts français et les alliances françaises. Les établissements scolaires devraient penser que l'investissement fait par l'État - 2 500 euros sont octroyés par élève - doit perdurer au-delà du baccalauréat. Pour en faire de réel francophile, il faut que les élèves de nos établissements aient l'habitude d'être en lien avec l'Alliance et l'Institut français.
L'Alliance française est une ressource pour les familles non francophones, qui marquent un intérêt en inscrivant leurs enfants dans nos établissements. Il faut faire des parents des francophiles et des pratiquants de la langue française. Il s'agit d'inciter aussi les élèves à se rendre à l'Institut français. Une collaboration est à mener dans la perspective d'une construction durable de cette politique de rayonnement, qui doit s'appuyer sur les anciens élèves que nous devons garder.
Proportionnellement, les moyens diminuent car les lycées français accueillent plus d'élèves chaque année. Jusqu'à l'an passé, nous étions soumis à un plafond d'emplois très strict. Nous avons obtenu de recruter quelques enseignants titulaires supplémentaires en allant au-delà de notre plafond d'emplois. La demande est extrêmement forte. Nous y faisons face par redéploiement des zones richement dotées en enseignants titulaires vers celles moins bien dotées. Nous mettons l'accent sur la formation des enseignants, notamment des recrutés locaux. Nous avons procédé à des actions de rationalisation de notre organisation et de nos méthodes de travail, y compris au niveau du siège. Nous allons développer de nouvelles méthodes d'apprentissage.
Sur la politique des langues et l'innovation pédagogique, je pense que nous pouvons apporter des éléments intéressants aux établissements en France. Le ministère de l'éducation nationale y est de plus en plus sensible et prêt à évoluer. Il existe un vrai intérêt à valoriser dans nos établissements les efforts que font nos élèves à apprendre la langue du pays d'accueil.
La coopération avec l'enseignement supérieur est essentielle, car nous nous interrogeons sur le fait que seuls 50 % de nos élèves, après l'obtention du baccalauréat, se dirigent vers l'enseignement supérieur français. Il existe un effort d'information à faire. Il faut pousser les universités françaises à bâtir des formations diplômantes avec les universités étrangères de sorte que les élèves puissent, dans leur cursus, avoir l'occasion de revenir en France. Nous commençons à les mettre en place dans certains pays.
Vous avez eu certaines interrogations sur le positionnement de deux initiatives par rapport à notre réseau. Le label France-éducation labellise des filières bilingues dans l'enseignement national. Il s'agit d'une offre intéressante et complémentaire notamment pour toutes les familles qui veulent scolariser leurs enfants dans le système national sans perdre le lien avec la culture française. En un an, 25 établissements ont été labellisés. Le réseau FLAM (programme de consolidation du français langue maternelle), quant à lui, est un réseau associatif que nous soutenons. Il vise à entretenir le lien avec la langue et la culture françaises dans le cadre d'activités périscolaires.
Les enseignants locaux sont recrutés sur un contrat de droit local. Nous avons le souci pour les pays où ils sont peu encadrés de faire en sorte qu'ils soient recrutés sur des bases claires, avec une progression de carrière, une assurance de protection sociale et de retraite conformes aux valeurs que nous défendons.