Je vous remercie pour l'intérêt manifeste que vous portez à ce sujet de la diffusion des oeuvres. Je vais répondre en abordant successivement les trois grands thèmes de vos questions : les partenaires, les publics et les moyens.
Plusieurs types de partenaires sont à prendre en compte, tant pour le Centre Pompidou que dans le cadre de la mission confiée par la ministre :
- la question fondamentale du rôle des collectivités territoriales a été soulevée et, pour répondre à Mme Catherine Morin-Desailly, les collectivités sont incontestablement des partenaires. Pour chaque projet, l'échange et le dialogue sont absolument nécessaires avec les collectivités de tous niveaux et nous sommes tous mobilisés pour des durées longues, avec les antennes de Lens, Metz ou Arras, ou pour des durées plus courtes qu'il s'agisse du CPM ou de l'opération « un jour, une oeuvre ». La diffusion des oeuvres patrimoniales représente un impératif politique, social et économique qui ne peut donc se concevoir sans les collectivités, elles-mêmes responsables de la gestion d'un territoire. Ce sont donc des partenaires indispensables pour toute politique de diffusion, comme d'ailleurs pour le spectacle vivant auquel Mme Maryvonne Blondin faisait allusion ;
- parmi les autres partenaires figurent évidemment les entreprises - via le mécénat ou d'autres types de partenariat - avec lesquelles nous avons des échanges très positifs. Elles trouvent un intérêt direct, propre, dans les expériences proposées pour les nouveaux publics. Il existe d'ailleurs une double échelle de mécénat avec, d'une part, les grands mécènes nationaux et, d'autre part, les petites et moyennes entreprises, voire les grandes, implantées territorialement. Ces dernières favorisent l'identification de moyens financiers nouveaux, autour de projets territoriaux, pour les institutions et les collectivités. A nous de trouver les moyens de les convaincre ;
- les partenaires étrangers constituent des interlocuteurs essentiels pour le rayonnement international des collections publiques mais aussi de l'expertise, du savoir-faire, du savoir scientifique de nos musées. Pour les grandes institutions patrimoniales, ces partenaires étrangers sont une manière de diffuser la culture, l'image, la marque de la France. Au-delà des expositions, nous sommes convaincus qu'il existe des champs nouveaux en matière d'expertise et d'ingénierie pour les pays émergents qui souhaitent concevoir des lieux culturels et des parcours de médiation pour des publics novices. Ce sont de nouveaux territoires à conquérir.
Les publics constituent la clé de toute politique, au-delà de la diffusion. Seule une démarche de médiation est capable d'accompagner les publics vers des oeuvres afin qu'ils s'approprient un patrimoine qui est le leur. Des questions ont été soulevées sur les femmes, les personnes handicapées, les détenus. Je souhaite simplement vous apporter les éléments d'information suivants :
- au CPM, nous avons prévu des parcours scénarisés, y compris pour les publics en situation de handicap, physique, visuel ou mental. Ce dialogue fonctionne très bien. Les expériences décentralisées montrent que la médiation permet de n'exclure personne ;
- l'expérience du Centre Pompidou avec des maisons d'arrêt a permis de réunir à chaque fois environ 50 détenus et l'artiste, toujours très impliqué. L'inscription à ces présentations se fait sur une base volontaire et fait l'objet d'un travail de préparation très en amont, avec les associations présentes sur le territoire. Chaque rencontre a permis, pendant trois heures, de favoriser des échanges d'une grande richesse. Ce dispositif pourrait être étendu à d'autres publics présentant des caractéristiques particulières ;
- les expériences « un jour, une oeuvre » ont permis de toucher des publics inhabituels, avec des expositions au centre commercial de Cergy Pontoise ou aux Mureaux. A chaque fois, les personnes présentes ont pris le temps d'échanger avec l'artiste, de contempler l'oeuvre.
Enfin, en ce qui concerne les moyens, je veux souligner l'apport du numérique. Si rien ne remplace le contact avec l'oeuvre originale, en revanche tout doit être fait pour accroître les connaissances et améliorer l'environnement documentaire. Cela ne peut que favoriser les échanges directs entre le public et les oeuvres.