Intervention de Alain Seban

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 13 mars 2013 : 1ère réunion
Diffusion des oeuvres conservées dans les musées et autres institutions culturelles — Audition de M. Alain Seban président du centre national d'art et de culture georges-pompidou

Alain Seban, président du CNAC Georges-Pompidou :

Les antennes qui existent aujourd'hui sont le fruit d'initiatives isolées. Mon prédécesseur, Jean-Jacques Aillagon, avait souhaité diffuser plus largement nos collections, une grande partie de celles-ci se situant dans les réserves, 2 000 oeuvres sur 74 000 étant exposées. Il avait décidé de s'inscrire dans un partenariat avec les collectivités territoriales pour devenir un acteur de la décentralisation culturelle et non plus un simple spectateur.

Cette initiative de Jean-Jacques Aillagon a donné lieu à des échanges avec certaines collectivités locales désireuses de souscrire au cahier des charges, la collectivité d'accueil prenant en charge les frais d'investissements et de fonctionnement, le Centre Pompidou apportant son savoir-faire, son nom, sa collection...

Les discussions se sont concentrées sur un petit nombre de collectivités locales aux termes desquelles le choix s'est porté sur Metz. Le même schéma s'est reproduit à Lens et à Arras. Il faut voir ces trois initiatives comme des laboratoires pas forcément reproductibles, ne serait-ce que pour des raisons financières évidentes. Le Centre Pompidou Metz, c'est 72 millions d'euros d'investissement et un budget de fonctionnement de 10 millions d'euros assumé par les collectivités territoriales. Les temps ont changé.

Pour nous, le Centre Pompidou Metz, c'est un laboratoire de format d'exposition nouveau, d'une nouvelle relation avec les publics. Il a fallu apprendre à travailler avec les collectivités territoriales. Maintenant, il faut tirer les leçons de ces expériences pour aller vers de nouvelles initiatives comme le Centre Pompidou mobile. Il est nécessaire de ne pas limiter notre action à Metz et d'irriguer davantage le territoire national, d'imaginer de nouvelles initiatives. Par ailleurs, ces nouvelles formes d'exposition n'ont pas forcément vocation à la pérennité.

S'agissant du Centre Pompidou mobile, il est financé par le mécénat pour l'essentiel et sa poursuite est subordonnée au recueil de mécénats nouveaux, qui s'annonce, d'ores et déjà, difficile. Nous en tirerons des leçons. Cela nous a permis de concevoir de nouveaux dispositifs de présentation des oeuvres, de tester de nouvelles modalités de médiation. Si cette opération doit s'interrompre, elle se réincarnera d'une autre manière. Les nouvelles expériences sont essentiellement liées au mécénat. Par ailleurs, ces dispositifs répondent à des normes de conservation particulièrement exigeantes. C'est fondamental.

Ces initiatives sont aussi observées à l'étranger. La dimension internationale est fondamentale et le Centre Pompidou mobile va faire école en Arabie Saoudite. C'est une terre de mission pour amener au musée des publics qui sont peu familiers de ce type de lieux.

L'international est également une source de financement. Quand on parle de valoriser nos collections nationales, il ne faut pas être timide, cette valorisation est également financière. Les grands musées nationaux présentent des expositions « hors les murs » qui sont un moyen de pénétrer des territoires nouveaux et d'attirer un large public. En 2012, les expositions à l'étranger du Centre Pompidou ont attiré 800 000 visiteurs et généré des revenus de l'ordre de 3,2 millions d'euros, soit 10 % de nos recettes propres.

Dans bien des cas, si notre base budgétaire est préservée, ces revenus doivent permettre de financer notre développement territorial. Il en a été ainsi de l'exposition Chagall, en 2011, à Grenoble, financée par les expositions de Tokyo et de Toronto.

De la même manière, j'ai évoqué l'idée de centres Pompidou provisoires dans des structures existantes pour éviter des investissements immobiliers lourds. Cette formule peut être un élément intéressant d'un développement décentralisé plus large et plus approfondi de l'institution. Il peut aussi devenir un élément important d'une stratégie internationale en permettant une implantation dans des territoires comme la Chine, le Brésil ou l'Inde. L'art est mondial.

Le numérique a été évoqué par plusieurs d'entre vous. La copie ne remplacera jamais l'original. L'idée du Centre Pompidou virtuel est une nouvelle plateforme de diffusion des oeuvres et des connaissances. C'est également un outil fondamental qui créé le désir, prépare la venue de l'oeuvre, laisse entrevoir la possibilité de réconcilier l'approche sensible et l'approche savante en donnant son contexte historique. Une collection, c'est aussi l'histoire de cette collection.

Créer le désir, c'est l'enjeu essentiel : la dimension événementielle, l'école, l'éducation artistique... sont des moyens de créer ce désir. Mais on ne pas se reposer uniquement sur l'école, il faut s'appuyer sur un réseau beaucoup plus large comprenant les associations, la famille...

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