Intervention de Vincent Denby-Wilkes

Commission du développement durable, des infrastructures, de l'équipement et de l'aménagement du territoire — Réunion du 26 mars 2013 : 1ère réunion
Energies marines renouvelables — Table ronde

Vincent Denby-Wilkes, président de France énergies marines :

France énergies marines a été créé dans le cadre des investissements d'avenir. Ses membres sont passés d'un peu plus de cinquante initialement à plus d'une soixantaine, nombre qui ne cesse d'augmenter et représente un bon indicateur de la mobilisation des acteurs français. En sont membres les conseillers régionaux littoraux, les grands groupes, les bureaux d'étude ainsi que les instituts de recherche et de formation.

Outre la métropole, les îles et l'outre-mer représentent un fort enjeu, pour des raisons physiques ou économiques. Je pense notamment aux zones insulaires où les prix de l'énergie atteignent des niveaux élevés.

Les grandes thématiques sur lesquelles France énergies marines travaille sont d'ordre technologique, d'une part, ainsi qu'environnemental et sociétal, d'autre part. Né le 15 mars 2012, France énergies marines a déjà lancé des travaux de recherche sur les sujets suivants : pour le volet technologique, sur les effets du courant sur les machines, les estimations de la production d'énergie des systèmes houlomoteurs, l'identification des objets enfouis, la durabilité des matériaux, ou encore la validation des outils de simulation pour le design de l'éolien flottant, pour le volet environnemental et sociétal, sur les impacts environnementaux ainsi que les observatoires sous-marins.

Les différentes étapes du développement de ces technologies sont les suivantes : après le laboratoire, vient l'étape de l'essai en bassin, puis l'essai en situation réelle sur site d'essai d'un exemplaire pilote, en général unique, l'étape de la ferme-pilote, et enfin la mise en place de parcs industriels. Pour maîtriser cette technologie et rejoindre les rangs des leaders mondiaux, nous manquons de sites d'essai en situation réelle. France énergies marines va en piloter cinq, à Bordeaux et au Croisic, sites qui sont déjà opérationnels, ainsi qu'à Paimpol-Bréhat, à Fos-sur-Mer et à Groix.

Par ailleurs, notre industrie doit se positionner sur des développements véritablement prometteurs. D'après une étude faite par le ministère de l'écologie, l'éolien offshore et les énergies marines bénéficient à la fois d'un potentiel naturel et industriel majeur en France et d'un potentiel de développement du marché élevé, notamment en direction de l'Europe.

D'après une étude de fin 2011, qui devrait être un peu réactualisée compte tenu de la sous-évaluation de certains coûts, les coûts d'investissement et d'exploitation sont encore trop élevés et doivent diminuer. L'objectif d'une convergence autour de 100 euros le mégawatt/heure à horizon 2025 et 2030 doit être recherché. Il y a encore un écart considérable entre l'éolien flottant et l'éolien terrestre, ainsi qu'entre l'hydrolien et l'éolien posé.

Pour réussir le développement de cette nouvelle filière industrielle, une feuille de route doit être élaborée avec des éléments complets de cartographie, un calendrier précis, des modalités d'appel d'offres définies permettant aux industriels d'avoir une visibilité réelle sur les conditions dans lesquelles ils pourront intervenir. Ces trois éléments sont interdépendants, ils nécessitent une implication de l'État, en lien avec les industriels et le monde de la recherche. Il faut également simplifier la réglementation afin de favoriser la mise en place des sites d'essai et des fermes-pilotes ainsi que, demain, des parcs industriels. Il faut aujourd'hui quatre autorisations en France avant de démarrer, alors qu'une seule est nécessaire en Écosse, où un guichet unique a été mis en place. Il faut également anticiper la liaison au réseau électronique afin de choisir les meilleurs tracés et prévoir les investissements correspondants. Sur certains sites éoliens offshore, le raccordement est en retard. Enfin, un accompagnement financier de la recherche et développement est nécessaire. Depuis sa mise en place, France énergies marines est autofinancé par ses membres, sans aide de l'État. Les délais de l'intervention de l'État sont trop longs. Il faut accélérer les procédures, afin que nous saisissions l'opportunité qui s'offre à nous de figurer parmi les leaders mondiaux dans ce domaine.

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