Notre société représente une puissance électrique installée de 118 MW dans le monde, et une capacité supplémentaire en construction de 15 MW. Elle est engagée dans les énergies renouvelables, et se classe comme leader en France pour l'éolien terrestre et deuxième pour l'hydraulique et le photovoltaïque. Sur les hydroliennes, nous sommes focalisés sur deux projets de parcs situés sur les deux gisements les plus importants : le Raz Blanchard au large du Cotentin, et le passage du Fromveur au large du Finistère. Nous avons fait le choix de nous positionner directement sur la phase de la ferme pilote. Nous avons le souci d'être respectueux de l'environnement, des usagers de la mer, et du développement économique. Nous voulons contribuer à l'émergence d'une filière hydrolienne française. Dans un souci pratique, je vais me focaliser plutôt sur les freins à la réussite de ces projets.
Le Raz Blanchard représente la moitié du potentiel hydrolien français. Nous comptons y implanter une ferme pilote comportant trois à six turbines d'1 MW de puissance chacune, à l'horizon 2016. Après avoir procédé à un examen systématique des technologies disponibles, nous avons passé un accord industriel avec une société allemande filiale de Siemens, Voith Hydro, pour tout ou partie du parc. L'étape de la ferme pilote est indispensable pour confirmer la viabilité de la technologie choisie avant de passer à l'étape finale du parc industriel, qui réunira une centaine d'hydroliennes sur cette zone. Nous avons déjà passé un accord avec les industriels présents dans la région de Cherbourg, car nous souhaitons que la maintenance de la ferme soit localisée. Sur le Fromveur, nous travaillons avec Sabella, une société bretonne afin d'avoir accès à ses études et à son prototype d'hydrolienne. Ensemble, ces deux zones représentent 80 % du potentiel hydrolien français.
Notre objectif est donc d'avoir deux fermes pilotes en service d'ici 2016. Mais qu'attendons-nous pour avancer concrètement ? D'abord, la mise en place d'un mécanisme de soutien aux fermes pilotes hydroliennes. Une mission interministérielle est en cours. La ministre en a aussi parlé lors de son récent déplacement à Cherbourg. Mais n'oublions pas que nous ne sommes pas seuls en Europe. La Grande-Bretagne a déjà mis en place un système de soutien aux fermes pilotes, avec une aide à l'investissement de l'ordre de 20 à 25 millions d'euros par projet et une aide à la production de 310 euros par MWh. Ayons conscience que nous sommes dans une compétition européenne. Si nous ne nous situons pas au bon niveau, nos projets risquent d'en souffrir.
Le nombre d'acteurs susceptibles d'investir n'est pas si grand à ce stade de la ferme pilote, et il ne nous paraît pas nécessaire d'introduire une phase concurrentielle. Il faut d'abord tester les technologies, dans un cadre adapté à cette période de levée des risques qui peut décourager les investisseurs.
J'insisterai aussi sur l'importance du raccordement. Rien ne serait plus grave que de se retrouver avec des parcs industriels sans possibilité de raccordement au réseau. Des engagements de mise à niveau des installations de raccordement doivent être pris dès à présent. Mais, si la haute tension sera nécessaire pour les parcs industriels, le réseau de distribution peut suffire pour les fermes pilotes. Il est également important de mutualiser ces éléments de raccordement pour tous les acteurs qui souhaitent s'engager.