Intervention de Jacques Jamart

Commission du développement durable, des infrastructures, de l'équipement et de l'aménagement du territoire — Réunion du 26 mars 2013 : 1ère réunion
Energies marines renouvelables — Table ronde

Jacques Jamart, directeur énergies nouvelles d'Alstom :

Notre société a constitué un secteur énergies renouvelables présent dans trois domaines : la partie hydro, l'éolien off shore et terrestre, les énergies solaires. L'énergie houlomotrice est encore relativement immature : nous avons recensé 120 types d'approches différentes, et personne n'a encore résolu l'équation d'un produit qui résiste à la vague pour un prix économiquement viable. Cette filière se trouve actuellement sous pression, notamment chez les Anglo-saxons, et rencontre un problème de financement. Pour les hydroliennes, le potentiel est estimé entre 50 et 100 GW à travers le monde, dont 5 à 6 GW en Grande-Bretagne et 3 GW en France. Le marché français est en retard par rapport à celui de la Grande-Bretagne, qui est déjà doté d'un tarif de rachat, d'aides financières et d'un guichet commun pour instruire les dossiers. Mais notre pays est doté d'un bon gisement, et d'un tissu industriel et académique de qualité.

La technologie que nous avons déployée depuis un an dans les îles Orcades part d'une machine que nous avons achetée à Rolls Royce, après avoir abandonné le développement de notre propre turbine. Elle est fixée sur un tripode, dont elle peut être déconnectée, et est flottante : il est ainsi facile de la remonter et de la remorquer. La turbine est orientable en fonction du courant, dotée de pales elles-mêmes orientables de 18 mètres, qui pourront atteindre jusqu'à 22 ou 23 mètres sur d'autres modèles. Le tout pèse 180 tonnes, auxquelles il faut ajouter 200 tonnes pour le tripode. C'est ce type d'engin qui se trouve immergé au large des îles Orcades ; il est connecté, sans qu'il ait été besoin d'un développement spécifique du réseau électrique existant. La Grande-Bretagne est donc prête pour passer à la phase industrielle dès 2018. La France ? Je ne sais pas. Il y a bien sûr des limites à ces technologies innovantes, qui doivent s'insérer dans un milieu marin relativement méconnu, et complexe.

Notre feuille de route prévoit le lancement en présérie de fermes pilotes dès 2014-2016, pour une production de série dès 2017. A condition, bien sûr, que les projets suivent. Les conditions d'émergence de la filière sont les suivantes : un cadre réglementaire et des spécifications techniques, une technologie à maturité. Dans les quatre à cinq années à venir, cinq à six entreprises au plus maîtriseront les technologies pour une production en série. Une course est engagée entre la France et la Grande Bretagne pour les premiers appels d'offres importants. Il n'y aura pas autant de capacités que de contrats. J'insiste sur la nécessité d'un AMI clair pour les fermes pilotes, d'un tarif de rachat, et d'une commande suffisante pour structurer une filière industrielle.

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