Intervention de Jean-Yves Le Gall

Commission des affaires économiques — Réunion du 26 mars 2013 : 1ère réunion
Audition de M. Jean-Yves Le gall candidat désigné aux fonctions de président du conseil d'administration du centre national d'études spatiales cnes

Jean-Yves Le Gall, candidat désigné à la présidence du conseil d'administration du Centre national d'études spatiales :

Jean-Jacques Mirassou, avec Ariane 6, nous réduisons le coût d'accès à l'espace, et nous le faisons de façon totalement vertueuse : nous ne diminuons pas les budgets, nous fabriquons des lanceurs moins chers.

Le partenariat avec le secteur privé est possible dans certains secteurs seulement. Peu d'entreprises investiront dans les sciences de l'univers pour savoir s'il existe des exoplanètes ou pour connaître la fréquence de battement d'un pulsar. En revanche, le recours aux fonds privés est fréquent pour les applications grand public et améliore l'utilisation des ressources budgétaires de l'État, ainsi pour l'observation de la terre ou encore dans le domaine des lanceurs. Par conséquent, si je devais faire un tiercé, il faudrait privilégier les sciences de l'univers ; viendraient ensuite la terre, l'environnement, le climat, les télécommunications appartenant déjà au monde industriel.

La France joue un rôle moteur au sein de l'ESA. Concernant le programme Galileo, nous avions commencé à lancer, en coopération avec la Russie, deux satellites précurseurs, Giove-A et Giove-B, respectivement le 28 décembre 2005 et le 14 avril 2008. Depuis, nous avons lancé deux satellites IOV (in orbite validation) depuis la Guyane, les 16 octobre 2011 et en décembre 2012. Nous avons quatre satellites IOV et nous lancerons cette année les satellites FOC (full operational capability), avec Soyouz, deux satellites par deux, puis nous continuerons avec Ariane. Il nous reste 22 satellites à lancer : nous devrions atteindre 26 satellites en orbite fin 2014-début 2015. Galileo est un projet emblématique de l'Europe : comme souvent, le démarrage a été difficile, mais il ira à son terme.

Il est vrai, Gérard César, que sur le marché des satellites, la concurrence des pays émergents est souvent agressive. Des attaques commerciales d'État à État sont fréquentes. Quand la Chine propose des satellites clés en mains au Nigéria ou au Venezuela en échange de pétrole, ce sont autant de satellites en moins pour notre industrie.

Nous avons à accomplir un effort extrêmement important pour le développement des petits satellites à propulsion électrique, comme l'ont déjà fait les États-Unis. A l'entrée du colloque américain Satellite 2013, une gigantesque bannière publicitaire de Boeing proclamait « America is back ». Il est vrai que l'offre de plateforme à propulsion électrique, lancée par SpaceX fait du mal à nos industriels. Si je ne peux prendre ici d'engagement, il faudrait mettre en place l'Ariane 6 des satellites, c'est-à-dire un projet qui ne soit pas un projet de plus, mais quelque chose de différent. C'est ce que fait Boeing avec les plateformes à propulsion électrique. L'entreprise annonce aujourd'hui être en phase finale de négociation avec douze clients pour autant de plateformes : à l'évidence, elle offre quelque chose de plus, et nous devons faire de même. Nous avons relevé le défi avec Ariane 6 : faisons de même avec les satellites.

Je ne crains pas les transferts de technologie avec la Russie : le système de sécurité mis en place fonctionne. En revanche, la coopération ira-t-elle à son terme ? Quand elle a démarré, la Russie avait besoin de nous ; elle effectue désormais chaque année 22 lancements Soyouz.

Merci pour vos propos sur les bourses. Susciter des vocations est la meilleure façon de préparer l'avenir.

Roland Courteau, nous avons mis en place des coopérations avec la Chine, l'Inde et la Russie. Nous ne devons pas moins nous garder de tout angélisme : restons vigilants. Pour savoir ce que font les autres, rien ne vaut que le dialogue. Nous avons beaucoup appris en Guyane pour Ariane 6. Et à chaque fois que je vais en Inde, je reviens avec des idées nouvelles.

Je regrette que vous soyez resté sur votre faim à propos de communication. C'est un aspect que je veux renforcer, et j'aurai à coeur de vous rencontrer pour que vous nous disiez comment améliorer les choses. Dès ma nomination, je prendrai rendez-vous avec vous car votre expérience du terrain est précieuse.

SpaceX a été largement financée par le gouvernement américain, mais M. Musk a aussi accepté de miser 400 millions de dollars. Il va très probablement faire une culbute très intéressante, car on parle d'une introduction en bourse entre 2 et 4 milliards de dollars... Je doute que cela soit transposable en Europe, notamment du fait d'un fonctionnement différent des marchés boursiers, mais la délégation française a fortement incité l'ESA à développer des partenariats entre le public et le privé. Ce sera notamment le cas du programme Hylas, un satellite lancé en coopération avec l'opérateur britannique Avanti, d'Alphasat, préparé en coopération avec Inmarsat, et d'AG 1, développé avec Hispasat. Tous ces partenariats ont un effet multiplicateur bénéfique.

L'innovation est notre fil conducteur. Dans un contexte financier contraint, pour exister, il faut faire la course en tête. Dans de nombreux secteurs, c'est l'innovation qui fait la différence. Nous devons poursuivre nos efforts, et vous pouvez compter sur moi pour faire du CNES un exemple en matière d'innovation.

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