Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le président de la commission sénatoriale pour le contrôle de l’application des lois, mes chers collègues, vous en conviendrez aisément, depuis le début des années 2000, notre monde est entré dans une ère numérique. Nos communications, nos divertissements, notre relation à la culture et, surtout, notre relation au travail… Ce sont nos modes de vie qui ont été profondément changés par l’arrivée du numérique dans des pans entiers de notre quotidien.
Dès lors, notre rapport au territoire a, lui aussi, été modifié par ce nouveau style de vie. Combien sommes-nous aujourd’hui à intégrer dans nos critères de séjours en vacances, voire d’installation définitive dans un territoire, la présence ou non d’internet à haut débit, du wifi, d’un réseau de téléphonie mobile, et même de la 3G ? Ces éléments sont encore plus cruciaux pour un entrepreneur qui cherche à s’implanter.
Pour autant, force est de constater qu’en 2013 une grande disparité existe sur notre territoire, vous l’avez tous rappelé, entre espace rural et urbain, plaines et montagnes, territoires riches et plus pauvres.
Or la présence d’un accès à internet, qui, il y a quelques années encore, constituait aux yeux des entrepreneurs un véritable atout compétitif, est, aujourd’hui, un impératif.
Ainsi, dans nos départements, comme dans celui que j’ai l’honneur de représenter au sein de cette assemblée, les Pyrénées-Atlantiques, partie de ce massif montagneux que Josette Durrieu vient d’évoquer, ce sont des zones énormes, le plus souvent rurales, qui se retrouvent déclassées, car incapables de mettre à disposition un outil internet de qualité devenu vital pour le monde de l’entreprise.
Aussi, alors que ces mêmes territoires souffrent le plus souvent du phénomène de désertification médicale, de l’absence croissante des services publics et parfois même d’un isolement extrême, nous ne pouvons que nourrir de grands espoirs quant à ce que le numérique peut apporter en matière de santé, d’éducation pour nos plus jeunes ou d’aménagement du territoire.
Dès lors, je souhaite saluer l’action des pouvoirs publics locaux et nationaux, qui s’engagent, jour après jour, à réaliser les objectifs ambitieux développés notamment à l’occasion du séminaire intergouvernemental du 28 février dernier à Gennevilliers, d’offrir d’ici à dix à douze ans un accès internet très haut débit à tous. Néanmoins, vous l’avez tous rappelé, il y a urgence. Nous n’avons plus le temps d’attendre.
Sur le haut débit et sur le très haut débit, si la situation que j’ai décrite n’est indéniablement pas des plus réjouissantes, il ne faut cependant pas oublier que notre pays a, je le dis haut et fort ici, de nombreux atouts. En effet, nous disposons d’une recherche publique de référence dans le monde et notre écosystème industriel est très dynamique pour l’innovation entre grands acteurs, PME-ETI et innovateurs.
Le Gouvernement s’est engagé sur trois axes. Je rappellerai simplement nos demandes, évoquées par Josette Durrieu : aide financière, bien sûr, dans nos collectivités locales, sécurisation des RIP et maximisation des usages.
Avant de vous laisser la parole, madame la ministre, je tiens à rappeler nos trois axes d’engagement.
Premièrement, il s’agit de faire du numérique une véritable chance pour la jeunesse de nos territoires, en particulier la jeunesse rurale, en facilitant l’apprentissage des outils informatiques dès le plus jeune âge ainsi que l’accès en ligne aux cours universitaires, et en développant les formations aux métiers du numérique, pour lesquels les besoins en emploi sont très importants.
Deuxièmement, il convient d’utiliser le levier du numérique pour renforcer la compétitivité de nos entreprises en soutenant la recherche et en finançant, comme s’y est engagé le Président de la République, à hauteur de 20 milliards d’euros le programme de couverture intégrale de la France en très haut débit.
Enfin, le numérique constitue un élément extraordinaire de promotion de nos valeurs républicaines, permettant de mobiliser pour réduire l’exclusion et les inégalités en matière d’emploi, de santé, d’accès à la culture ou aux services publics.
Vous le voyez, il s’agit là d’un levier extraordinaire de modernisation du rôle de l’État et de revitalisation de notre démocratie.
Tout comme les voies de chemins de fer et, plus tard, les autoroutes ont en leurs temps participé à l’aménagement du territoire et à sa prospérité, l’ère du numérique doit susciter une amélioration des conditions de vie et une prospérité nouvelle, notamment dans nos territoires ruraux, trop souvent oubliés.
Nous comptons sur vous, madame la ministre. Nous l’avons tous dit, il y a urgence. Certaines propositions viennent d’être formulées ; nous attendons vos réponses. §