Lorsque l'on examine la carte des infrastructures ferroviaires et routières en France, on peut faire deux principaux constats :
- Premièrement, certains territoires métropolitains apparaissent enclavés, parce qu'ils sont situés loin des gares, des autoroutes ou des aéroports. Ce constat n'est pas nouveau, puisqu'une étude de la DATAR de 2003, intitulée « La France en Europe : quelle ambition pour la politique des transports ? » mettait en avant la nécessité du désenclavement, mais rien n'a été fait depuis. Aujourd'hui, nous avons un ministère de l'égalité des territoires, qui a engagé des études pour la conception d'un projet de loi qui donnera une traduction concrète à cette notion d'égalité des territoires. Je considère qu'une partie importante des moyens du futur SNIT doit être consacrée au désenclavement des territoires. Il nous faut donc définir les critères de l'enclavement de la manière la plus objective possible.
- Deuxièmement, en matière de ferroviaire, je constate qu'aucune ligne d'Est en Ouest traversant le centre de la France n'est prévue. Les liaisons se feront essentiellement par les LGV Sud-Est et Atlantique, ce qui implique un transit par le sud de la banlieue parisienne, avec tous les inconvénients que cela présente en termes d'engorgement de cette banlieue, des lignes sollicitées, d'allongement des trajets et d'augmentation des coûts pour les passagers. Je pense que c'est là l'une des plus grandes faiblesses de notre nation en matière d'aménagement du territoire.
Il faudra, sur certains linéaires, privilégier des investissements très lourds pour améliorer la vitesse. Mais aussi faire des choix entre les principaux projets de LGV listés par la loi « Grenelle I ». La ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT) me paraît indispensable pour désenclaver le Massif central, et avoir enfin une vraie liaison traversant le pays d'Est et en Ouest par son centre. Si l'on ajoutait un barreau de 100 kilomètre pour faire une jonction avec le Y de la ligne Nord-Atlantique, nous aurions une liaison entre le Sud-Est et le Nord-Ouest de la France. Ce maillage logique serait une rupture avec notre tradition centralisatrice qui fait passer la plupart des lignes par la région capitale.
Enfin, je partage votre analyse sur la régénération du réseau et la mise à vitesse élevée des lignes classiques. Mais il ne faut pas hésiter à faire des routes là où le ferroviaire n'est pas une solution possible. Le désenclavement des derniers territoires qui en ont besoin serait la meilleure façon de contribuer à l'aménagement du territoire, sans engager des sommes aussi considérables que celles qui avaient été évoquées lors du vote de la loi « Grenelle I ».