Je vais vous répondre avec l'aide de Bertrand Reysset, chargé de mission sur l'adaptation.
Sur la question de la hausse du niveau marin, on considère que lorsque la mer monte de 1 millimètre, la plage recule de 10 centimètres, soit un rapport de 1 à 100. Si le niveau moyen augmente de 10 centimètres, ce sont 10 mètres de plage qui disparaissent. Si l'on se fonde sur l'hypothèse, optimiste, d'une hausse de 40 centimètres du niveau marin d'ici la fin du siècle, cela signifiera une modification considérable des paysages. Au XXème siècle, le niveau marin a augmenté de 18 centimètres. Quelles stratégies adopter face à ces changements ? Une stratégie de défense peut être mise en place dans certaines zones, avec du béton ou des digues. Sur certaines portions du littoral, on peut prévoir une stratégie d'acceptation de risques. D'autres parties du littoral devront être préservées, là où se concentrent la biodiversité et les milieux naturels. Dans les villes situées directement au bord de la mer, une étude au cas par cas devra être menée, afin de s'adapter à l'impact sur les différentes activités économiques, mais aussi en termes d'assainissement et de circuits d'eau.
Nous essayons d'anticiper le climato-scepticisme, en tant que point focal du GIEC. Le climato-scepticisme n'est certainement pas à rejeter en bloc. Une discussion scientifique a lieu. Il y a de nombreuses composantes au sein du climato-scepticisme : certains débats sont légitimes, complexes, et doivent avoir lieu. La modélisation du système est très difficile, notamment concernant des phénomènes comme les éruptions volcaniques, la variation de l'activité solaire, le comportement de l'océan, le rejet de méthane par le permafrost ou par les sols gelés au fond de l'Arctique. Il reste des inconnues sur toutes ces questions. Il faut donc affirmer ce que l'on sait déjà, et respecter le débat sur les questions en suspens.