Intervention de Gilbert Ysern

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 17 avril 2013 : 2ème réunion
Bilan de l'ouverture des jeux en ligne trois ans après — Table ronde

Gilbert Ysern :

Le tennis est le deuxième support de paris en ligne. De plus, en tant que sport individuel, il est plus exposé à la corruption que les sports collectifs.

A nos yeux, le bilan de la loi de 2010 est globalement favorable. Elle a consacré le droit de propriété des organisateurs et instauré des relations satisfaisantes avec les opérateurs de paris. A l'époque, on a avancé que les revenus générés par les paris pourraient profiter également aux organisateurs d'événements. Nous n'y avions pas cru, et cela ne s'est pas vérifié. Protéger l'intégrité des compétitions a plutôt engendré des coûts supplémentaires pour une fédération comme la nôtre. La corruption préexistait à Internet, mais elle est depuis devenue notre obsession, car le risque s'est accru.

Face à la corruption, nous avons développé d'importants moyens d'investigation. Le tennis est en cette matière très en avance sur les autres disciplines. Au niveau international, une Tennis integrity unit dotée de pouvoirs d'investigation a été créée, qui fédère l'ensemble des acteurs du monde professionnel. Nos règlements internationaux comprennent en outre une obligation de déclaration de soupçon qui s'impose à tout joueur, à tout membre de l'entourage des professionnels. Deux radiations à vie ont déjà été prononcées à la suite de telles investigations.

Les deux grandes compétitions que nous organisons, c'est-à-dire le tournoi de Roland-Garros ou le BNP-Paribas Masters de Paris-Bercy, sont surveillées au moyen d'une vingtaine de dispositifs particuliers, comme l'interdiction de parier et de divulguer des informations faite au personnel badgé - soit près de 20 000 personnes à Roland-Garros -, le suivi de près de 300 sites, ou encore la vigilance accrue exercée sur les membres du personnel placés au bord des courts.

Troisième volet dans la lutte contre la corruption : la sensibilisation et la formation. Un outil de formation en ligne a été mis en place à l'attention des joueurs au niveau international. La fédération française a en outre lancé le 27 mars dernier, à l'occasion de la réunion de l'ensemble de ses conseillers techniques régionaux, un vaste plan de sensibilisation et d'éducation au niveau national. Dans ce cadre, des formations de tous formats seront organisées, afin de doter le réseau de la fédération de formateurs compétents, notamment à l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep) et dans les centres d'entraînement. Une vidéo de trente minutes a même été réalisée, dans laquelle de grands témoins du tennis d'hier et d'aujourd'hui font part des pressions qu'ils ont subies pour tricher sur le résultat d'un match.

Plus que le dopage, et notamment depuis l'apparition des paris en ligne, la corruption est le cancer du sport, du nôtre en particulier. L'action efficace de l'Arjel a permis de traiter la partie émergée de l'iceberg. Mais la France seule ne peut rien faire. C'est pourquoi nous appelons de nos voeux une action internationale dans ce domaine. Quant à l'ouverture de l'offre légale pour les parieurs, nous restons partager entre la volonté de défendre les opérateurs légaux français et le souhait que l'offre soit la plus large possible. Nous aidons l'Arjel à trouver l'équilibre entre ces deux exigences contradictoires.

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