Intervention de Vincent Peillon

Réunion du 25 avril 2013 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Morale laïque

Vincent Peillon, ministre :

L’école a toujours eu trois missions.

La première de ses missions est d’instruire. Or, en dix ans, la France a plongé dans toutes les évaluations internationales. Aujourd'hui, 25 % de nos élèves sont en difficulté. Des professeurs ne sont même plus remplacés. Ils ne sont pas formés. C’est le résultat des dix ans d’action de l’ancienne majorité ! §

C'est la raison pour laquelle nous avons décidé non seulement de créer des postes – 60 000 en cinq ans –, mais également de former les enseignants et de revoir les programmes.

La deuxième mission de l’école est également importante : l’insertion professionnelle des jeunes. Lorsque la gauche a quitté le pouvoir en 2002, 10 % des jeunes étaient au chômage. C’est le cas de 25 % d’entre eux aujourd'hui, soit le taux que nous avions trouvé en 1997 ! §C’est pour cela que nous allons revoir la formation professionnelle, ainsi que le parcours d’orientation, d’information et de rapprochement avec les entreprises. Au mois de juin prochain, le Premier ministre et moi-même installerons le conseil éducation-entreprise.

Enfin, la troisième mission de l’école est de transmettre les valeurs qui nous permettent de vivre ensemble. Dans la tradition républicaine, politique et morale sont inséparables. Il faut obéir à la loi non pas uniquement par crainte du châtiment et sous la contrainte, mais mû par une obligation intérieure. Cette tradition commune a été perdue, oubliée. Or la morale laïque incarne précisément cela.

J’ai bien noté les craintes que suscitait l’instauration de ce nouvel enseignement.

En premier lieu, la morale laïque serait contraire aux orientations religieuses et aux choix de certains. C’est l’inverse ! Celui qui fut, il y a longtemps, président de cette assemblée, le grand républicain Jules Ferry, que ne quittait jamais L’Enseignement du peuple d’Edgar Quinet, avait dit de la laïcité qu’elle était la seule qui permettrait à toutes les convictions de vivre pacifiquement dans l’espace commun de la République. §

Notre laïcité n’est pas antireligieuse. Elle est au contraire la garantie de la liberté de chacun. C’est celle-ci qui est en question aujourd'hui.

En second lieu, certains craignent l’instauration d’une morale d’État. Or notre tradition, c’est celle de l’individualisme républicain. Il n’y a pas de morale d’État. C’est précisément parce qu’il y a eu une morale laïque que nous avons été capables, ensemble, république sociale et république libérale, de nous lever au moment de l’affaire Dreyfus, quand la liberté et la justice se sont conjuguées.

Voilà ce que nous devons offrir aux enfants de la République. Le redressement économique que nous conduirons devra s’accompagner d’un redressement intellectuel et moral. §

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