Peut-être, mais il existe de très nombreuses activités que je n’exerce pas et sur lesquelles je suis appelée à légiférer. Fort heureusement, je ne suis pas supposée les exercer pour être compétente et légitime en tant que parlementaire !
Je sais simplement que, selon les évaluations des scientifiques, un quart du prélèvement est aujourd’hui rejeté. L’interdiction des rejets est indispensable, ne serait-ce que pour garantir la transparence nécessaire aux travaux des scientifiques.
Je ne comprends pas non plus le débat sur les farines animales, car les mêmes qui s’opposent à l’interdiction des rejets y voient une monstruosité voulue par les groupes industriels.
L’Union européenne, dans un souci d’équité avec les nouveaux États membres, a autorisé l’aquaculture et contribué à son développement. Nous importons aujourd’hui 92 % des farines utilisées pour l’aquaculture : quel problème y aurait-il à fabriquer ces farines en Europe, avec nos propres rejets ?
S’agissant de la pêche profonde, l’Union européenne va en effet être amenée à se déterminer par rapport aux préconisations de l’ONU.
En six ans, la pêche profonde a épuisé plus de 80 % des ressources halieutiques en eau profonde dans l’Atlantique Nord-Est.
En outre, je signale que, pour la pêche en eau profonde, le ratio s’établit à 3, 5 kilogrammes de fioul par kilogramme de capture, alors que ce ratio s’établit à 1, 5 pour les autres activités de pêche.
Le lien doit donc être établi entre le développement de cette activité et le dérèglement climatique, et nous serions bien inspirés de soutenir les préconisations de l’ONU dans ce dossier !
Pour conclure, dans ce débat sur la politique européenne de la pêche, notamment sur la question de l’interdiction des rejets, je ne peux m’empêcher de percevoir comme l’expression d’une forme de scepticisme à l’égard de la pertinence des conclusions des scientifiques sur l’épuisement des ressources halieutiques. Cette attitude n’est pas sans me rappeler celle des climato-sceptiques, qui ont longtemps retardé la mise en œuvre d’une politique destinée à combattre le dérèglement climatique, politique encore relativement insuffisante compte tenu des projections établies pour les trente années à venir.
Je crains donc que la défense à tout crin des marins-pêcheurs et de la pêche comme activité industrielle ne soit pas le meilleur service à rendre à cette activité, au moins dans une perspective durable.