Intervention de Sophie Primas

Réunion du 23 mai 2013 à 21h30
Refondation de l'école de la république — Article 25 bis

Photo de Sophie PrimasSophie Primas :

Cet amendement vise à interdire définitivement le redoublement des deux premières années du cycle des apprentissages fondamentaux – grande section de maternelle et CP – et des deux premières années du cycle des approfondissements – CE2 et CM1.

Corollaire de l’organisation de l’école primaire en cycles, l’interdiction du redoublement lors des deux premières années du cycle des apprentissages fondamentaux et des deux premières années du cycle des approfondissements doit enfin être effective.

La représentation nationale doit également réaffirmer clairement son désir de ne pas voir un enfant redoubler plus d’une fois durant sa scolarité primaire, en inscrivant dans un article de loi l’interdiction édictée à l’article D. 321-6 du code de l’éducation.

Malgré le souhait des législateurs des lois Jospin et Fillon d’interdire le redoublement en milieu de cycle et d’interdire le double redoublement à l’école primaire, le redoublement en CP concerne encore 3 % des élèves et le double redoublement, 1 % des élèves.

Or la corrélation entre redoublement précoce et échec de la scolarité est aujourd’hui avérée. Près d’un élève sur deux qui redouble son CP sortira du système éducatif sans diplôme, ou avec le seul brevet des collèges. Apparaissant à l’élève comme une sanction, le redoublement a un effet démobilisateur pour lui, mais aussi pour son entourage.

L’analyse des travaux de recherche en éducation démontre que, pour un élève faible, le redoublement du CP est moins efficace, en termes de progrès concernant les acquis fondamentaux, que le passage en CE1, qui a un effet dynamisant.

À l’absence de progression pédagogique à court terme et à l’impact que le redoublement aura sur la réussite de l’élève à long terme s’ajoute l’injustice de la décision de redoublement. Il apparaît que ce redoublement est d’autant moins accepté que la famille est culturellement favorisée et consciente du poids d’un redoublement dans l’orientation future. Il apparaît aussi que certains élèves qui sont soumis à une décision de redoublement ne l’auraient pas été dans une autre classe d’un niveau plus faible. Il apparaît enfin que la fréquence du redoublement peut être différente selon que l’inspecteur de circonscription y est plus ou moins favorable.

Même si les défenseurs du redoublement précoce sont assez nombreux, la représentation nationale doit, dans l’intérêt de l’élève et dans l’esprit des lois votées en 1989 et 2005, réaffirmer sa volonté de limiter les redoublements précoces en l’inscrivant littéralement dans la loi.

Il est également proposé que l’économie réalisée grâce à l’interdiction du redoublement soit réorientée vers une prise en charge individualisée des élèves éprouvant le plus de difficultés, grâce à l’organisation de cours de pré-rentrée, dispensés par des professeurs de l’éducation national.

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