L’article 27 bis porte sur le recours possible pour les enseignants, après l’accord parental, aux langues régionales pour leur enseignement de la langue française.
À cet instant de mon propos, il me revient de présenter les excuses de notre collègue Michel Le Scouarnec, qui ne pouvait être parmi nous ce soir. Élu breton, donc d’un territoire où la langue régionale est toujours prégnante, il vous aurait dit le fort attachement d’un grand nombre de nos concitoyennes et concitoyens, mais aussi d’élus, à leur langue et à leur culture régionale.
Beaucoup de Bretons ont dû, pendant des décennies, sacrifier leur langue maternelle. Ce sort fut sans doute aussi celui d’habitants d’autres régions qui avaient leur langue propre. Aujourd'hui, nous pouvons rallumer l’espoir de conserver ces langues.
Du reste, le Président de la République s’est engagé, dans une lettre adressée au président de l’Association des régions de France, « à définir un cadre légal clair et stable pour toutes les langues régionales », conformément à la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Il a également indiqué « vouloir associer les régions à la réflexion engagée sur les modalités et les conséquences d’une telle ratification, dans le cadre de la concertation sur la refondation de l’école ». Nous y sommes !
Pionnière, la région Bretagne a signé une convention-cadre pluriannuelle de partenariat pour le développement de l’offre publique d’enseignement des langues régionales et en langues régionales avec le rectorat. La voie de la concertation doit être privilégiée en la matière, afin de développer, de consolider et de pérenniser l’application de telles conventions, qui viennent couronner les efforts engagés ces dernières années dans les établissements publics ou dans les établissements privés sous contrat d’association en matière d’enseignement des langues régionales.
La formation des élèves se fonde en partie sur l’assimilation de savoirs ou la compréhension de nouveaux outils de connaissance. Dans ce cadre, l’apprentissage des langues régionales apparaît comme un élément complémentaire dans le développement, la réussite et l’épanouissement des jeunes.
Pour refonder l’école, et donc reconstruire le service public national d’éducation en vertu du principe selon lequel tous les élèves sont capables d’apprendre, il est nécessaire de ne pas omettre toutes les spécificités contribuant à l’enrichissement de la formation des élèves.
L’enseignement des langues régionales n’est pas contradictoire avec la défense de la langue française, indispensable à l’unité de notre République – de ce point de vue, je suis en plein accord avec les propos de Jacques Legendre –, mais participe à la conservation de notre patrimoine linguistique, reconnu par l’article 75-1 de la Constitution. C’est aussi un atout dont il faut être conscient.
Cet article 27 bis me semble assez équilibré et constructif. En effet, il ne concerne pas seulement l’enseignement des langues régionales, mais a également trait à la culture, une réalité dont les professeurs doivent s’emparer afin d’apporter une chance supplémentaire de réussite à tous les élèves. Dans la pratique, beaucoup d’enseignants savent dans quels cas ils doivent utiliser les langues régionales. En tout état de cause, il est bon de leur faire confiance.
La vocation de l’éducation nationale consistant souvent à mettre en exergue ce qui est commun, je m’associe, avec Michel Le Scouarnec, aux souhaits des élus morbihannais, et plus largement bretons, de voir cet article apporter des solutions efficaces pour faire reculer l’échec scolaire et favoriser la réussite de tous, dans le respect de la culture de chaque région et de chaque territoire.
Notre pays est riche de ses diversités. À nous de les cultiver pour que l’avenir de la jeunesse d’aujourd’hui soit plus sûr et ouvre la voie à la construction d’une société plus forte, plus harmonieuse, plus éclairée et plus solidaire.
Voilà, mes chers collègues, ce que Michel Le Scouarnec aurait aimé vous dire ce soir.