Intervention de Jean-Pierre Bel

Réunion du 28 mai 2013 à 14h30
Hommage au conseil national de la résistance

Photo de Jean-Pierre BelJean-Pierre Bel, président :

Monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres, mes chers collègues, avant d’en arriver à l’ordre du jour de la séance de ce jour, je voudrais, en notre nom à tous, rendre hommage à l’œuvre fondatrice que des hommes et des femmes courageux et épris de liberté ont engagée il y a désormais soixante-dix ans.

En effet, le 27 mai 1943 eut lieu la réunion constitutive du Conseil national de la Résistance, le CNR. Cette date essentielle pour l’unification de la Résistance marqua l’aboutissement de rudes négociations avec les mouvements, les syndicats et les partis républicains, négociations conduites par Jean Moulin, en liaison avec le général de Gaulle, établi à Londres, qui écrira dans ses Mémoires de guerre : « Ainsi, sur tous les terrains et, d’abord, sur le sol douloureux de la France, germait au moment voulu une moisson bien préparée. »

La première réunion du Conseil national de la Résistance rassemble dans la clandestinité des représentants des huit grands mouvements de résistance, de la CGT, de la CFTC et des six principaux partis de la Troisième République.

Comme l’a rappelé Daniel Cordier, « l’union était fragile, comportant des malentendus, des germes de contestations et de conflits ; mais des hommes, que seul le lien patriotique unissait et que tant d’arrière-pensées divisaient, étaient désormais unis pour débattre d’une manière permanente de tous leurs problèmes dans une assemblée où le verbe remplaçait les armes, symbole de la démocratie renaissante ».

Cette date marque à jamais notre histoire, car elle symbolise l’union de ceux qui avaient gardé confiance dans l’avenir de leur pays et qui trouvèrent dans leur attachement à la patrie et aux valeurs de la République le courage et l’énergie du sacrifice. Ils ont posé les grands principes qui fondent notre démocratie économique et sociale, allant du rétablissement du suffrage universel à la création de la sécurité sociale.

Fort de l’appui de l’armée des ombres, le général de Gaulle entama des pourparlers avec le général Giraud et avec les Alliés. Les deux généraux signèrent le 3 juin l’ordonnance instituant sous leur présidence conjointe le Comité français de Libération nationale.

Mais le 21 juin, à Caluire, Jean Moulin, l’architecte de la Résistance, tombait aux mains des nazis. Frappé par ce coup terrible, le CNR poursuivit néanmoins l’œuvre qu’il avait commencée. Il définit et organisa un plan d’action immédiate pour lutter contre l’occupant et le régime de Vichy. Dans son programme d’action, il adopta des mesures à appliquer à la libération du territoire pour rétablir la démocratie et instaurer « un ordre social plus juste ».

Pour ces grands résistants, plus rien ne pouvait recommencer comme avant. Le programme du CNR, qui a inspiré les réformes fondatrices de l’après-guerre, est devenu une référence commune, le socle du modèle social, que vous souhaitez renforcer, monsieur le Premier ministre.

Mes chers collègues, le 28 mars dernier, notre assemblée a adopté une proposition de loi de Jean-Jacques Mirassou relative à l’instauration du 27 mai comme journée nationale de la Résistance. Je souhaite que ce texte poursuive son chemin à l’Assemblée nationale, pour que cette date devienne un jour d’hommage national à ces femmes et à ces hommes, connus ou anonymes, qui se sont engagés et ont payé lourdement leur engagement et leur attachement à la liberté.

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