Intervention de Christian Favier

Réunion du 3 juin 2013 à 21h30
Modernisation de l'action publique territoriale et affirmation des métropoles — Articles additionnels après l'article 19

Photo de Christian FavierChristian Favier :

Cet amendement vise les outils d'aménagement de La Défense.

L’EPADESA, établissement public d’aménagement de La Défense Seine Arche, a été créé par un décret du 2 juillet 2010. Pour l’essentiel, les opérations de construction qui sont désormais conduites sur le site du quartier d’affaires de La Défense consistent en un renouvellement du patrimoine existant. La mission d’aménageur de cet établissement public, telle qu’elle avait été envisagée dès 1958 via l’EPAD, puis l’EPADESA, n’a donc plus lieu d’être.

Par ailleurs, on le sait, l’EPADESA est dans une situation financière préoccupante. À la fin de 2016, son déficit prévisionnel devrait atteindre entre 188 millions d'euros et 364 millions d’euros. Ce déficit a été aggravé par la création en 2007 d’un établissement public, DEFACTO, chargé de l’entretien du quartier d’affaires, et par le transfert à cet établissement des biens de l’EPADESA et de 120 millions d’euros pour leur remise en état.

Les auteurs du présent projet de loi prétendent résoudre ces difficultés en annulant le versement des 120 millions d'euros et le transfert de propriété des biens de l’EPASEDA à DEFACTO.

Toutefois, ils ne règlent pas la question du financement de la rénovation de ces biens, ni surtout celle du devenir de l’EPADESA et de son modèle d’aménagement obsolète, véritable fuite en avant consistant à faire jouer à un établissement public d’État le rôle de promoteur immobilier, à vendre des droits à construire qui constituent la seule recette possible. En d’autres termes, on ne cesse d’ajouter des tours aux tours et de construire des dizaines de milliers de mètres carrés de bureaux pour combler le déficit, sans se soucier des conditions de vie et de transport des 150 000 salariés qui y travaillent déjà.

Cette spirale infernale, à l’œuvre depuis une vingtaine d’années, risque de conduire à court terme à une impasse lourde de conséquences financières pour l’État.

Ce dont a le plus besoin aujourd’hui La Défense, c’est d’une diversification de son aménagement et de ses fonctions, avec des logements, des équipements publics et privés, des lieux de vie et d’animation, ainsi qu’un haut niveau d’exigence environnementale.

Le temps est venu de donner un nouveau souffle à ce quartier, en remettant en cause le modèle d’aménagement qui a jusqu’à présent prévalu et en mettant fin au mandat confié à un établissement public d’État parvenu au terme de sa mission.

Plus rien ne justifie de maintenir l’aménagement et la gestion de La Défense dans une exception juridique. Le conseil général et les quatre communes du périmètre actuel de l’opération d’intérêt national disposent des compétences et des moyens nécessaires pour réaliser les aménagements engagés et assurer la gestion du quartier d’affaires.

La fonction régulatrice de l’État sur ce territoire reste cependant indispensable. Elle peut et doit désormais s’exercer à travers le dispositif de contrat de développement territorial, ou CDT, ce qui implique, en particulier, qu’il n’y ait qu’un seul contrat de développement territorial.

Mettre fin à l’existence de l’EPADESA au 1er janvier 2016 permettrait un retour de ce territoire dans le droit commun, sans que l’État renonce à sa présence à La Défense. En outre, le délai proposé paraît suffisant pour permettre aux collectivités et à l’État de parvenir à un accord sur les nouvelles modalités de gestion du quartier de La Défense.

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