Intervention de Gérard Collomb

Réunion du 3 juin 2013 à 21h30
Modernisation de l'action publique territoriale et affirmation des métropoles — Article 20

Photo de Gérard CollombGérard Collomb :

Je voudrais expliquer en quelques mots ce que nous voulons faire, si bien entendu, mes chers collègues, vous décidez d’approuver ces dispositions.

Vue de loin, l’agglomération lyonnaise donne l’impression d’avoir toujours été riche et prospère.

Je rappelle que Lyon fut une grande ville du textile. J’ai été élu dans un arrondissement qui avait subi de plein fouet la désindustrialisation, sur le territoire duquel était implantée une usine emblématique, Rhodiacéta, qui employait 7 500 salariés. Puis cette usine a subitement fermé, entraînant dans son sillage toutes les autres usines de cet arrondissement. C’était mon problème premier en tant qu’élu. Depuis, j’ai gardé en mémoire que, si l’on voulait qu’une agglomération puisse vivre, il fallait y apporter le développement économique.

C’est pourquoi il nous semble essentiel d’inclure l’innovation dans les compétences de la métropole.

Nous devons sans cesse nous projeter dans l’avenir si nous ne voulons pas, petit à petit, perdre de notre substance et nous trouver marginalisé dans le monde économique d’aujourd’hui.

Ensuite, on oublie parfois que l’agglomération lyonnaise a connu la révolte des banlieues, à Vénissieux et Vaulx-en-Velin.

Peut-être y a-t-il un peu de mauvaise foi dans leurs propos, mais, quoi qu’il en soit, j’invite tous nos collègues communistes à venir visiter l’agglomération lyonnaise, afin qu’ils voient notamment ce que nous faisons pour essayer de réduire la fracture territoriale.

Pour moi, c’est la pire des fractures ; aujourd’hui, nos fractures sociales sont d’abord des fractures spatiales.

Venez donc voir ce que nous avons fait à Vaulx-en-Velin et à Vénissieux, en l’espace de deux mandats. Nous avons concentré le maximum de nos moyens dans ces communes et construit nombre d’infrastructures de transports en commun : tramway à Vénissieux, métro et tramway à Vaulx-en-Velin, prolongation d’une autre ligne pour desservir le cœur de Vaulx-en-Velin. L’effort est considérable ! De mémoire, 200 millions d’euros ont été investis au cours de ce mandat à Vénissieux et 340 millions d’euros à Vaulx-en-Velin.

Nous sommes vraiment soucieux de réduire cette fracture !

Et pourquoi proposons-nous de réunir les compétences de l’EPCI du Grand Lyon et celles du conseil général ? Simplement pour assurer une complémentarité dans nos compétences.

Il se trouve tout d’abord que certaines compétences font doublon. Dans l’agglomération lyonnaise, par exemple, coexistaient des voiries départementales et des voiries communautaires. Or, quand une seule personne s’occupe des voiries d’accès à un carrefour, par exemple, cela marche mieux que si deux collectivités s’en chargent, avec des normes techniques et des points de vue différents sur la façon dont il faut aménager les voies de circulation.

Ensuite, certaines compétences sont complémentaires. Au Grand Lyon, mis à part le développement économique dont j’ai parlé, nous sommes plutôt en charge de l’urbanisme et du logement. Nous construisons beaucoup de logements – 10 000 logements par an pour 460 000 habitants –, mais c’est le conseil général qui s’occupe de verser le RSA et qui est en charge des politiques du handicap et des personnes âgées.

Il est, à mon avis, profondément utile de réunir au sein d’une même collectivité ces compétences, tout à fait complémentaires, de construction et de gestion des destinées personnelles. Cela nous permettra de mieux prendre en compte les destinées de celles et ceux que vous évoquiez tout à l’heure, ma chère collègue.

Oui, comme dans toutes les agglomérations, il y a un certain nombre de difficultés, a fortiori dans la période que nous vivons. Il y a des personnes en marge de la société, mais c’est justement afin de nous donner des atouts supplémentaires pour les réinsérer dans le mouvement social, dans la dynamique sociale d’ensemble, que nous bâtissons cette collectivité à statut particulier.

Le faisons-nous contre nos communes ? Non ! Ceux d’entre vous qui sont membres de la commission des lois savent que j’ai déposé un certain nombre d’amendements tendant à lever les ambiguïtés et à répondre aux interrogations, en montrant que les communes conservent de pleines compétences, et pas seulement des compétences mineures, comme l’état civil, contrairement à ce qui a pu être affirmé au cours de nos débats. Les communes resteront des communes de plein exercice. Moi, je suis maire de Lyon et je ne veux pas transférer mes compétences à la métropole : je veux qu’il y ait une harmonisation et que chacun conserve des compétences bien établies.

Voilà ce que nous voulons faire. Avons-nous bafoué la démocratie ? Nos discours dans cet hémicycle montrent bien que nous avons essayé d’établir un consensus. Des questions se posent encore, bien sûr. On a plusieurs fois soulevé celle du suffrage universel. Cet après-midi même, la commission des lois a discuté d’un projet d’amendement, sur lequel son président et son rapporteur s’expliqueront. Mais ne mélangeons pas les débats et procédons par étapes. À défaut, le vote sera le même que celui qui a eu lieu tout à l'heure… Voulant courir dix lièvres à la fois, on n’en attrapera finalement aucun !

Mes chers collègues, nous aurons l’occasion d’expliquer ce que nous voulons faire tout au long de nos débats sur la métropole lyonnaise. Croyez bien que nous recherchons le maximum de consensus. Il y a des débats qui dépassent nos personnes, des débats essentiels pour le devenir non seulement de l’agglomération lyonnaise, mais de la France tout entière.

Je vous invite à lire un très beau livre de Laurent Davezies, intitulé La crise qui vient. Il montre que l’économie productive repose aujourd'hui très largement sur un nombre assez limité d’aires urbaines.

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