Je suis très contente de pouvoir à la fois vous dresser un bilan factuel et chiffré des résultats de Renault sur le véhicule électrique, et d'évoquer nos attentes et difficultés éventuelles.
Depuis la fin 2011, Renault a lancé quatre véhicules électriques, le dernier en date étant la Zoé lancée en mars 2013. Certaines de ces voitures sont fabriquées en France, les moteurs qui vont équiper trois de ces véhicules sont fabriqués à Cléon.
Progressivement se dessine une vraie volonté de développer une filière industrielle sur le sol français. Ce point est très important pour Renault, car il s'agit d'une nouvelle technologie, exigeante en termes de compétences et de savoir-faire.
Sur les 9 300 véhicules électriques vendus en France en 2012, auxquels il faut ajouter les Twizy qui ne sont pas incluses dans les immatriculations, Renault comptabilise 5 789 ventes, dont 2 234 Twizy. En ce qui concerne l'année 2013, les projections des ventes se situent autour de 18 000 véhicules au total. À la fin du mois de mai, Renault enregistre déjà 5 156 ventes dont 250 Twizy.
En incluant la Twizy, Renault occupe donc 80 % de parts de marché, ce qui témoigne d'une pertinence de notre offre. Cela veut dire également que l'arrivée de compétiteurs pourra augmenter les possibilités de choix pour le consommateur et la taille globale du marché.
En matière de répartition géographique, 50 % de nos ventes s'effectuent dans les grandes agglomérations. Pour autant, une grande partie de nos ventes s'effectue également dans des agglomérations de moins de 50 000 habitants. La capacité à charger est un déterminant extrêmement fort. Ainsi, 83 % des clients habitent en maison individuelle, les copropriétés posant davantage de difficultés sur ce point.
Dans 75 % des cas, l'achat d'une voiture électrique s'effectue en remplacement d'une deuxième voiture. L'autonomie du véhicule électrique est en effet amplement suffisante pour un usage périurbain quotidien, celui-ci n'a pour le moment pas vocation à se substituer au premier véhicule du ménage.
Par rapport à l'Europe, la France représente un marché important, tout comme la Norvège. En 2012, sur 17 000 ventes effectuées par Renault en Europe, 6 000 été enregistrées en France.
Quelles sont les attentes que nous, constructeurs automobiles, pouvons formuler ? Un point particulier mérite votre attention. Le client recharge son véhicule principalement en « temps masqué », à domicile pendant son sommeil ou au travail par exemple. La charge principale est la charge domestique. Le point bloquant aujourd'hui concerne la mise en oeuvre du droit à la prise, qui a été effectivement voté mais souffre d'un certain nombre de freins.
En termes de charge secondaire, sur la voie publique ou semi-publique comme les parkings de supermarchés, on observe une dynamique satisfaisante. Le certificat d'économie d'énergie pourrait être utilisé comme un bras de levier supplémentaire pour soutenir le financement de ces infrastructures.
Pour nous, constructeur, le véhicule électrique est clairement un atout pour la France. On explore des nouvelles technologies, on crée des filières nouvelles de compétence et de développement industriel : le Kangoo est fabriqué à Maubeuge, la Zoé est industrialisée à Flins et sera équipée d'un moteur produit à Cléon. L'impact environnemental et la maîtrise de l'énergie sont évidemment des enjeux cruciaux.
Nous avons quatre demandes : le droit à la prise et la clarification de sa mise en oeuvre, l'achat de flottes de véhicules électriques par les institutions publiques pour faciliter l'accompagnement en termes d'image, une réflexion sur l'accès aux centres villes et aux places de stationnement, la création d'une dynamique collective avec l'Ademe et l'AVERE pour offrir une solution 100 % décarbonée.