Intervention de Anne-Marie Bazzo

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 30 mai 2013 : 1ère réunion
Atelier de prospective : pour donner leur chance aux adolescents issus des quartiers sensibles

Anne-Marie Bazzo, directrice académique des services de l'éducation nationale :

Je remercie Mme Keller de me donner l'occasion de prononcer quelques mots sur cette thématique très forte. Nous avons fait connaissance alors que j'étais en poste en Seine-Saint-Denis. Je suis arrivée dans le département de la Haute-Vienne à la fin de l'année 2011. Il s'agit d'un département extrêmement rural, mais qui présente également, notamment à Limoges, des caractéristiques de Zep semblables à celles que j'ai pu rencontrer en Seine-Saint-Denis.

J'axerai mon propos autour de trois points. Le premier est un constat. De manière générale, les quartiers d'éducation prioritaire présentent une très grande diversité d'origines culturelles des élèves. Au sein d'une classe d'une vingtaine d'élèves, il n'est pas rare d'être en présence de dix à vingt origines culturelles différentes. Par conséquent, dans le travail de mémoire, la mémoire ne peut se mettre au singulier. Se souvenir passe d'abord par ce que l'on est en tant qu'individu et qu'élève. Il convient donc d'aborder un travail « des mémoires » dans les Zep. La nécessité du souvenir s'avère en revanche très forte. Ainsi, dans les quartiers d'éducation prioritaire, les Français de souche sont dénommés par leurs camarades de classe les « Gaulois ». Cette dénomination constitue un pied de nez à ce que pourraient être nos programmes d'histoire si l'enseignement d'histoire revenait à faire remonter tout le monde aux mêmes origines, à « nos ancêtres les Gaulois ».

Pour répondre à la nécessité du souvenir et du travail sur l'histoire, l'éducation nationale dispose de programmes d'histoire, mais aussi de lieux et de témoins, qui peuvent venir présenter l'histoire auprès des élèves. Les lieux jouent un rôle très important. Le département de la Haute-Vienne constitue un lieu de mémoire par excellence, avec la ville d'Oradour-sur-Glane. Cette dernière est encore un lieu de mémoire très actif et symbolique dans le département et dans la région Limousin. Le site n'accepte pas les classes qui n'ont pas préparé la visite en amont. Quant aux enseignants, il convient certainement de penser à leur proposer une formation.

L'objectif du travail de mémoire est d'engager un processus de réconciliation. En effet, ces classes sont souvent marquées par des tensions, liées à l'histoire ancienne comme à l'histoire récente. Les tensions internationales provoquent des tensions dans les classes. Le travail de mémoire joue donc un rôle important. Le défi consiste à créer une histoire commune qui aille vers la pacification et l'apaisement.

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