Intervention de Yahya Cheikh

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 30 mai 2013 : 1ère réunion
Atelier de prospective : pour donner leur chance aux adolescents issus des quartiers sensibles

Yahya Cheikh, agrégé d'arabe, professeur à Sciences Po et responsable d'associations :

J'ai eu la chance, dans ma vie, d'exercer le métier d'enseignant. Dès 1987, j'ai ainsi accompagné des élèves issus de l'immigration, d'abord en tant qu'enseignant dans des écoles associatives de la banlieue parisienne, puis, après avoir passé les concours du Capes et de l'agrégation d'arabe, en tant que professeur au lycée Henri IV. L'année suivante, j'ai été affecté dans le département du Val-d'Oise, dans deux collèges et un lycée, assez éloignés les uns des autres. Mes conditions de travail n'ont donc pas toujours été faciles. Par la suite, je suis revenu à Paris, où je travaille au lycée Jacquard, dans le XIXe arrondissement. J'enseigne également l'arabe à Sciences Po. Cet itinéraire vous montre que j'ai eu l'opportunité d'accompagner des élèves depuis le niveau du collège jusqu'à celui des études supérieures.

Au travers de cette expérience, j'ai constaté l'importance de l'enseignement que je dispense à ces élèves. Je me suis trouvé à plusieurs reprises dans des endroits marqués par une très forte demande, mais une absence d'enseignement. Dans d'autres régions, il existe au contraire une offre d'enseignement, mais pas de demande.

La situation de l'enseignement de l'arabe dans le Ve arrondissement de Paris n'est pas la même que dans le Val-d'Oise, où le public dans sa totalité est issu de l'immigration. À Sciences Po, il n'y avait pratiquement pas d'élèves issus de l'immigration. La situation a toutefois été amenée à évoluer ces dernières années, grâce aux conventions signées par Sciences Po avec cinq cents établissements du secondaire.

La langue arabe n'est pas une langue nouvelle dans notre société. Cet enseignement a été introduit officiellement en France en 1538, sous le règne de François Ier, au Collège de France. Quant à l'agrégation d'arabe, créée en 1906, elle est l'une des plus anciennes.

Pour ce qui concerne le public, la demande croît. Je fais partie du corps enseignant de l'éducation nationale. Je ne peux donc que me réjouir des initiatives qui encouragent cet enseignement et en font la promotion, pour que le terrain ne soit pas occupé par un système ou une école associative susceptible de manquer de pédagogie.

Mon travail, comme celui de mes collègues au sein de l'Association française des arabisants (Afda), dont je suis secrétaire général, consiste à identifier les maux dont souffre cet enseignement.

Je signale tout d'abord que la langue arabe est une langue étrangère, comme l'allemand, l'italien ou le turc. Néanmoins, elle est « un peu plus étrangère que les autres ». J'emprunte cette expression à Benoît Deslandes, qui a beaucoup travaillé, au sein de l'éducation nationale, sur les relations entre la France et les pays d'Orient.

Aujourd'hui, je n'irais pas jusqu'à dire que cet enseignement connaît une situation catastrophique, mais en tout cas, il mérite un important soutien.

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