Intervention de François Roux

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 30 mai 2013 : 1ère réunion
Atelier de prospective : pour donner leur chance aux adolescents issus des quartiers sensibles

François Roux, délégué général du Prisme, organisation professionnelle représentant les agences d'emploi :

Je suis toujours heureux de promouvoir le travail par rapport à l'inactivité qui, malheureusement, est beaucoup plus porteuse de précarité que l'intérim.

En France, deux millions de personnes passent chaque année par l'intérim, ce qui équivaut à environ 600 000 équivalents temps plein (ETP), soit 3 % de la population active.

La situation actuelle est marquée par une augmentation du chômage et une diminution corrélative de l'intérim. Certains aspects sont néanmoins plus positifs. Tout d'abord, environ 20 % des intérimaires le sont par choix, ce qui représente entre 120 000 et 140 000 personnes qui ont choisi l'intérim comme mode d'exercice de leur métier. Les motivations des intérimaires sont différentes : certains recherchent une intégration vers un emploi stable et durable, avec un CDI ; d'autres, des revenus immédiats, par opposition au système du non-emploi et du chômage.

Par ailleurs, l'intérim présente des vertus en matière de formation. Les jeunes des quartiers sensibles sont malheureusement souvent en rupture. L'intérim leur offre la possibilité de suivre une formation en alternance, au travers de contrats de professionnalisation et de contrats d'apprentissage.

La relation au travail joue un rôle fondamental dans l'estime de soi des parents, mais aussi dans l'image qu'elle projette sur les enfants. La relation au travail fait partie de la culture familiale. Les situations d'exclusion ont un effet déstructurant au sein de la famille. Il est bien sûr préférable d'avoir un emploi en intérim que de ne pas avoir d'emploi du tout.

En outre, conformément au mandat qui nous a été confié par l'accord national interprofessionnel (ANI) de janvier 2013, nous négocions actuellement la création d'un CDI dans l'intérim, qui permettra aux intérimaires d'avoir des perspectives, d'entretenir des relations différentes avec les bailleurs sociaux, les bailleurs privés et les banquiers. Nous négocions également une méthode visant à créer un allongement des périodes d'emploi. La durée moyenne des missions est en effet trop basse en France. Nous allons conclure un accord d'ici à la fin du mois de juin sur ces deux points.

Je tiens à souligner que le statut social de l'intérimaire en France est de loin le plus avancé en Europe. Ce constat est d'ailleurs partagé par les syndicats.

Dans les Zus, le travail sur le plan Banlieues engagé sous le précédent gouvernement s'est heurté à un premier problème juridique, puisque la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité) a reproché à l'exécutif d'utiliser l'adresse comme un critère discriminant.

Dans un contexte où les jeunes des quartiers difficiles rejettent le système social et institutionnel, représenté par l'ANPE devenue Pôle emploi, nos agences se distinguent du système institutionnel et parviennent à les toucher davantage. En outre, les deux cents entreprises de travail temporaire d'insertion (ETTI) en France accomplissent un travail remarquable pour identifier et accompagner les jeunes concernés.

L'intérim constitue donc un facteur d'intégration dans le monde du travail, d'autant qu'il privilégie la gestion des parcours des personnes. En effet, la sécurité de l'emploi aujourd'hui renvoie beaucoup plus à la notion d'employabilité qu'à un statut juridique précis. Le CDI, en dépit de son image sacralisée, est en réalité peu protecteur. Les investissements en matière de formation sont par conséquent fondamentaux.

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