L’université se meurt, et nous sommes en train de débattre de sa gouvernance. La recherche en sciences humaines et sociales et la recherche fondamentale s’essoufflent, et nous nous demandons comment les mettre au service de la compétitivité.
Comment former des têtes bien faites plutôt que bien pleines, davantage adaptables au monde du travail pour ceux qui le choisiraient et à la reconversion, tandis que la recherche fondamentale sert à l’émancipation de la société, à la continuité de la civilisation et à la transmission du savoir ? Voilà la vraie question, or nous l’esquivons, madame la ministre.
Améliorons l’accueil de nos étudiants, logeons-les, créons dans les établissements des pôles d’orientation en phase avec les entreprises et des services publics pour leur fournir du travail. Réformons les modalités de recrutement à l’université en combattant le clientélisme et le localisme. Cessons d’importer des professeurs agrégés de l’enseignement du second degré pour pallier le manque d’enseignants-chercheurs de plein droit. Créons des agences pour aider les chercheurs à répondre aux appels d’offres européens sans épuiser leur énergie dans l’élaboration de lourds dossiers. Revoyons de fond en comble la composition et le fonctionnement de l’AERES, qui infantilise les chercheurs. Mettons fin au clientélisme qui a pesé sur l’attribution des fonds pour la recherche par l’ANR, inhibé toute créativité et induit des dysfonctionnements dans l’utilisation de ces fonds.
Madame la ministre, chers collègues, l’université est un outil irremplaçable de formation et de recherche. C’est une enseignante qui vous parle ! Faisons-en un élément clé de la fameuse « exception culturelle » française, au lieu de la laisser ainsi à l’agonie.