Intervention de Jacques Legendre

Réunion du 20 juin 2013 à 21h45
Enseignement supérieur et recherche — Article 18

Photo de Jacques LegendreJacques Legendre :

Il est clair qu’une sélection est opérée pour l’accès aux IUT. Plus généralement, d’ailleurs, près de la moitié des étudiants sont soumis à une forme de sélection. Cela permet à ceux qui ont franchi cette première barrière de ne pas connaître ensuite l’échec.

Il est important que les bacheliers technologiques ou professionnels qui en ont la capacité puissent aussi accéder à l’enseignement supérieur.

Le baccalauréat technologique est difficile à obtenir, surtout avec mention. Il n’est donc pas normal que ses titulaires peinent à accéder à des filières technologiques qui, d’une certaine manière, sont d’abord faites pour eux.

M. Chevènement a lui-même indiqué tout à l’heure que lorsqu’il a créé les baccalauréats professionnels, il entendait assurer un surcroît de connaissances générales et une qualification professionnelle attestée à des jeunes ayant vocation à vivre une première expérience professionnelle après l’obtention de leur diplôme, quitte à reprendre ensuite leur formation.

Madame la ministre, vous avez déclaré que le baccalauréat professionnel n’était désormais plus suffisant pour accéder à un métier et que les jeunes devaient plutôt viser un niveau bac+2 ou bac+3. De tels propos m’inquiètent quelque peu.

Après les CAP, on a voulu créer les BEP, pour offrir aux jeunes une formation plus large. Les BEP n’ayant pas répondu à toutes les attentes et les CAP ayant plutôt mieux résisté qu’on ne l’avait prévu, M. Chevènement a instauré les baccalauréats professionnels. J’ai toujours considéré qu’il s’agissait d’une bonne innovation. Toutefois, à force de repousser l’entrée dans la vie professionnelle et de prolonger la formation, on risque de susciter des frustrations parmi ceux qui débuteront leur carrière dans des fonctions modestes après avoir suivi trois années d’études supérieures après le baccalauréat.

La porte de l’enseignement supérieur ne doit pas être fermée à des bacheliers professionnels brillants qui auraient, par exemple, obtenu leur diplôme avec mention. Cette question doit être discutée avec les représentants des branches professionnelles. En effet, les modalités des baccalauréats professionnels sont définies avec les commissions professionnelles consultatives, dont la tendance est de donner à ces bacs une spécialisation trop étroite, ce qui ne facilite pas ensuite les reconversions.

Il convient donc d’abord, me semble-t-il, de revoir la définition de certains baccalauréats professionnels. On ne réglera pas les problèmes uniquement en instituant des quotas de manière autoritaire. Derrière les pourcentages et les statistiques, il y a des garçons et des filles aux aptitudes diverses. Je reste pour ma part réservé à l’égard des quotas. Il faut faire pression sur les IUT, leur rappeler qu’ils ne doivent pas écarter les meilleurs des bacheliers professionnels et que leur vocation première est d’accueillir les bacheliers technologiques, sans exclure pour autant les titulaires d’un baccalauréat général. Instituer des quotas, c’est plaquer une solution administrative sur un problème d’orientation : cela ne fonctionnera pas !

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