Intervention de Brigitte Gonthier-Maurin

Réunion du 20 juin 2013 à 21h45
Enseignement supérieur et recherche — Article 18

Photo de Brigitte Gonthier-MaurinBrigitte Gonthier-Maurin :

L’alinéa 3 de l’article 18 vise à élargir l’ouverture aux bacheliers technologiques et professionnels des filières sélectives que sont les IUT et les STS.

Nous avons déjà évoqué les réserves que cette disposition suscite chez les directeurs d’IUT. Ceux-ci la perçoivent comme une injonction tendant à les déresponsabiliser.

Je l’avoue, à titre personnel, je reste assez dubitative face à ce système de quotas. À mon sens, pour revaloriser et rééquilibrer ces filières, il faut avant tout intervenir en amont.

Mon expérience de rapporteur pour avis du budget de l’enseignement professionnel m’amène à réagir. En effet, dans le cadre de la réforme mettant en place le bac professionnel en trois ans, aucun dispositif concret d’accompagnement des bacheliers professionnels n’a été institué. Leurs résultats ne sont évidemment pas bons à l’université, mais il en va de même en STS. C’est pourquoi, à l’occasion de l’examen du projet de loi de finances pour 2013, j’avais appelé à une réflexion collective sur les moyens de soutenir les bacheliers professionnels au cours de leur transition vers l’enseignement supérieur. Je plaide ainsi pour le retour au bac professionnel en quatre ans.

Pour combler les lacunes dans les matières générales et dans l’acquisition des méthodes de travail, j’avais également suggéré la mise en place d’un « sas », c'est-à-dire d’une sorte de propédeutique ou de mise à niveau d’une durée d’un an avant l’entrée en STS ou en IUT. Cela exigerait de mobiliser des moyens.

Les quotas ne résoudront pas mécaniquement le problème de l’échec dans le supérieur. Leur instauration peut certes constituer une première étape, mais si rien n’est fait en amont, les quotas joueront surtout un rôle d’écrémage des meilleurs.

Instituer des quotas est donc tout à fait insuffisant pour revaloriser la filière professionnelle. Or, en termes tant d’insertion sur le marché du travail que de poursuite d’études, la réforme du bac pro commence à susciter des frustrations parmi les familles et les jeunes qui ont cru au discours de la revalorisation de la voie professionnelle. Sans une transformation plus large des conditions d’accès à l’enseignement supérieur, cette réforme perdra définitivement tout son sens.

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