Vous avez bien compris ce que nous entendons par « Europe de la défense ». Pour nous, cette expression est morte. Elle a perdu tout intérêt, elle est décrédibilisée. Cette construction est arrivée à terme, au bout et elle ne progresse plus aujourd'hui. Et c'est la raison pour laquelle nous proposons de cesser d'en prononcer le nom. Nous avons mis en exergue de notre rapport une jolie formule d'Albert Camus qui dit : « mal nommer les choses, c'est contribuer au malheur du monde ». Et bien nous considérons que « Europe de la défense » c'est mal nommer les choses. Pourquoi ? Parce que cette expression était destinée à contourner l'obstacle de la souveraineté et au fond à se dispenser d'une clarification des relations entre l'Union européenne et l'OTAN. C'était, comme le dit Hubert Védrine, une « chimère », c'est-à-dire un animal mi-humain ou un homme mi-animal.
Lors du Conseil européen de décembre 2013, qui ne sera pas consacré uniquement aux questions de défense, mais qui a ces questions de défense à l'ordre du jour, nous souhaitons rappeler que c'est un moment essentiel. Le risque est grand pour qu'on discute beaucoup des questions d'actualité et peu des questions de défense. Nous insisterons donc pour qu'on ne les oublie pas. Il y a quatre ans que nous n'en avons pas parlé, depuis la présidence française de l'Union européenne. Les chefs d'Etat et de gouvernement souhaitent se montrer « pragmatiques », c'est-à-dire apporter « la preuve » par l'action...