Votre mission a pour vocation d' « être utile à la société tout en générant des emplois », comme vous l'avez rappelé. En même temps, l'État stratège ne peut pas faire l'impasse sur ses responsabilités. Par conséquent, quelle sera l'articulation entre le travail de votre commission et les ministères concernés, notamment ceux du redressement productif et de la recherche ? Il ne faudrait pas que le fruit de vos travaux reste lettre morte, sans être suivi d'applications pratiques.
Sur le plan de la stratégie industrielle, je n'arrive pas à me satisfaire du désengagement de l'État dans les secteurs clés. En disant cela, je fais directement référence à la perte d'actifs de l'État en ce qui concerne EADS.
Mais je souhaiterais aujourd'hui surtout vous interroger sur le cas de Sanofi. Ce fleuron de l'industrie pharmaceutique figure dans le peloton de tête du CAC 40 et dégage entre 5 et 8 milliards d'euros de bénéfice par an en moyenne. Le groupe est actuellement en pleine mutation, et délaisse progressivement les blockbusters pour se diriger vers des médicaments d'avenir plus personnalisés. Pour autant, il reste quand même de nombreux marchés pour les anciens médicaments, dans les pays émergents comme en France, notamment pour les pathologies infectieuses qui ne sont pas encore maîtrisées. On est au coeur ce de que vous évoquiez, « être utile à la société tout en générant de l'emploi ».
Or sous prétexte de se tourner vers l'avenir, on assiste aujourd'hui à la tentation de diminuer le soutien à la R&D dans ces secteurs. Adopter une vision trop restrictive et faire l'impasse sur cette industrie serait à mon sens une faute énorme.