Monsieur le ministre, deux rapports viennent d’être rendus pour alimenter le volet forêt du futur projet de loi portant sur l’avenir de l’agriculture.
M. Jean-Yves Caullet, député de l’Yonne et par ailleurs président de l’Office national des forêts, à qui le Premier ministre a confié une mission de réflexion sur l’avenir de la forêt et de la filière bois, a récemment rendu son rapport ; ce dernier, qui s’appuie sur les travaux et l’expérience des différents acteurs de la filière, identifie les obstacles et propose des choix stratégiques ainsi que des outils opérationnels pour atteindre les objectifs suivants : relever le défi de la forêt et la filière bois face au changement climatique, face à la transition énergétique, aux enjeux de la biodiversité et au déséquilibre de la balance du commerce extérieur. Il préconise notamment la création d’un fonds stratégique de 100 millions d’euros, qui pourrait financer toute la filière forêt-bois.
Un second rapport interministériel, complémentaire, propose un plan national de la forêt et du bois ambitieux, qui concilie les enjeux économiques et environnementaux. Ce rapport, intitulé Vers une filière intégrée de la forêt et du bois, a été rédigé par la mission interministérielle menée par Christophe Attali. Il prévoit l’élaboration d’un plan national de la forêt et du bois, qui serait la clé de voûte des instruments d’orientation et de conduite de la politique nationale forestière.
Le Gouvernement, je le note, est très sensible à la problématique forestière et aux enjeux économiques portés par la sylviculture.
Ma question vise à nourrir le volet forêt du futur projet de loi d’avenir pour l’agriculture devant être présenté au conseil des ministres cet automne. Je porte les réflexions qui m’ont été soumises par les exploitants forestiers et les scieurs finistériens, soulignant cependant qu’il ne s’agit pas d’une problématique spécifiquement finistérienne.
La filière bois française est aujourd’hui en pleine phase de redéfinition de ses enjeux stratégiques. Ce secteur doit faire face à une concurrence violente, notamment venant d’Asie, où les exportations s’accélèrent, favorisées par des normes sanitaires très différentes et défavorables aux producteurs de bois français. On constate d’ailleurs un déficit très élevé de la balance commerciale en produits bois transformés.
Face à un tel constat, il convient de dynamiser la gestion forestière en France et de la développer, notamment par la construction et l’utilisation du bois, matériau renouvelable aux qualités exceptionnelles. De nombreux pays producteurs de bois, tel le Brésil, favorisent et soutiennent depuis de nombreuses années la production de produits transformés sur place et non l’exportation de grumes, arbres abattus, simplement ébranchés et laissés avec leur écorce.
L’engagement de l’État en faveur de la forêt française doit être constant.
Monsieur le ministre, il s’agit aujourd’hui de définir l’avenir de la filière bois : les acteurs de la filière attendent l’encouragement de l’État au renouvellement de la forêt, à l’amélioration des peuplements, au développement de la desserte et à la modernisation de l’exploitation forestière.
En conséquence, je souhaite vous interroger sur les actions qui pourraient être engagées par le Gouvernement pour la redynamisation de la filière bois française selon trois axes : harmoniser les règles sanitaires françaises entre matière première et matière transformée ; établir un constat actualisé des coupes sanitaires nécessaires ; inscrire dans le projet de loi d’avenir pour l’agriculture, l’agroalimentaire et de la forêt, actuellement en discussion, un plan de gestion de la forêt française articulé autour d’une efficacité économique et d’une protection durable.
Le secteur de la forêt est un secteur stratégique pour l’emploi. Le 20 juin dernier, la filière forêt-bois a ainsi déclaré être « capable de s’engager pour créer 25 000 emplois d’ici à 2020 ».
Vous connaissez mon engagement à défendre la filière économique agricole bretonne, monsieur le ministre.