Intervention de Stéphane Le Foll

Réunion du 23 juillet 2013 à 9h30
Questions orales — Avenir de la filière bois française

Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt :

Monsieur le sénateur, je connais votre engagement et, de manière générale, celui du Sénat sur cette question de la forêt, puisque, lors des discussions que nous avions eues sur le Fonds Carbone, nous avions trouvé un accord global pour qu’une partie de ce fonds soit mobilisée en faveur de la forêt.

Vous l’avez dit, deux rapports ont été publiés sur ce sujet, l’un de Jean-Yves Caullet, et l’autre du conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux ; ils définissent des objectifs globaux à cette filière qui, vous l’avez rappelé, présente un réel potentiel, à condition que l’on s’organise pour le valoriser.

Quel est ce potentiel ?

D’abord, nous avons la troisième forêt d’Europe, comprenant à la fois des résineux et des feuillus. Cette forêt souffre néanmoins de deux handicaps majeurs : son renouvellement et son adaptation au réchauffement climatique, deux vrais enjeux concernant les essences qu’il faudra choisir.

Ensuite, dans cette forêt, l’effet patrimonial est supérieur à l’effet économique. Par conséquent, nous devrons pouvoir déstocker une partie des bois qui restent en réserve. Cette question va sans doute être l’objet de discussions et de modifications fiscales afin d’essayer de favoriser la sortie du bois.

Comment utilise-t-on ce bois ? La France a perdu depuis des années sa capacité à transformer les bois de grumes, et l’on en est donc arrivé aujourd’hui à exporter des grumes en Asie, mais quelquefois aussi dans des zones européennes beaucoup plus proches, comme l’Autriche, pour être sciées et débitées. Cela nous fait perdre la valeur ajoutée de la transformation et, surtout – je le souligne ici –, l’ensemble des co-produits de ce sciage qui pourraient servir à faire de la cogénération et du bois énergie. Par conséquent, sur ces deux sujets, nous sommes vraiment perdants.

À partir de là, nous devons avoir une ambition, couplée avec un troisième axe, à savoir les débouchés : le bois comme matériau de construction et d’isolation. Cette utilisation du bois doit être complètement revue.

Ce sont ces trois axes qui vont être l’objet du projet de loi que nous allons examiner : mobiliser et renouveler notre forêt, restructurer et investir dans des outils de transformation, enfin, développer des débouchés.

Au-delà – et sur les questions sanitaires, je vous rejoins –, nous allons devoir engager une discussion sur les bois et les coupes, ainsi que sur les meubles, même si, juridiquement, les difficultés sont nombreuses. Pour progresser, il faut partir des trois grands principes que j’évoquais et structurer cette filière, en ayant pour objectif – vous l’avez dit – de retrouver le potentiel de création d’emplois que nous avons perdu après l’avoir laissé dépérir.

Cette discussion aura lieu au début de l’année prochaine, sur la base des rapports de Jean-Yves Caullet et du CGAAER, dans le cadre de l’examen du projet de loi d’avenir pour l’agriculture, qui devra aussi intégrer un certain nombre de points que vous avez évoqués. L’un d’entre eux présente beaucoup plus de difficultés que les autres : l’instauration d’une taxe supplémentaire à l’export.

D’une part, cette redevance pourrait avoir pour conséquence une diminution de nos exportations. La question est juridiquement très compliquée.

D’autre part, il vaut mieux dynamiser la filière en amont plutôt que d’essayer de récupérer des recettes en aval, dans une situation où, justement, il faut plutôt favoriser la sortie du bois, sa transformation et sa valorisation.

En tout cas, monsieur le sénateur, je vous sais attaché, comme certains de vos collègues ici, à cette belle filière.

Nous disposons d’un atout majeur et devrons être capables de valoriser au maximum cette richesse, notamment économique, écologique et en biodiversité.

Mesdames, messieurs les sénateurs, je compte sur vous, dans les débats à venir, pour soutenir ce projet de loi d’avenir pour l’agriculture afin de donner un avenir à la forêt française.

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