Depuis deux décennies, l'IRD vit avec une épée de Damoclès. Pour faire bref, l'ex-Orstom (office de la recherche scientifique et technique outre-mer) était déjà accusé d'être l'héritier d'une posture postcoloniale. Moi-même, ancien président d'université, - je suis entrée à l'IRD en 2006 -, j'ai été associé aux instances d'évaluation du CNER (comité national d'évaluation de la recherche) à la fin des années quatre-vingt-dix : son jugement était alors peu amène... A la fin de la décennie, le président Lazare a mené une réforme pour faire passer l'IRD du statut d'institut physique, scientifique et technique à celui d'un véritable organisme de recherche ; nous sommes passés de 100 à 58 laboratoires. La décennie suivante a vu la science progresser et depuis quatre ou cinq ans, nous sommes plutôt exemplaires en matière d'éthique de partenariat. Lors des assises, un grand débat a eu lieu, avec les syndicats notamment. Aujourd'hui, l'IRD fait l'objet d'une inspection conjointe des ministères de l'enseignement supérieur et de la recherche et des affaires étrangères : commandée par les cabinets de Mme Fioraso et de MM. Fabius et Canfin, elle devrait rendre ses conclusions en juin, notamment au sujet d'un instrument que nous avons mis en place en 2010, l'agence, qui fait l'unanimité contre elle, notamment des chercheurs qui craignent qu'elle ne consomme leurs crédits. En revanche, nous commençons à obtenir de belles réalisations avec nos programmes pour le sud. Nous sommes habitués au débat, l'institut est bousculé tous les cinq ou dix ans... L'inspection, lancée en septembre dernier, dans un contexte national difficile, a cependant suscité une grande inquiétude, même si notre bilan est très positif. Lors de la clôture des Assises du développement et de la solidarité internationale, le président de la République a annoncé la tenue d'un comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID) en juillet prochain. Notre fin y sera-t-elle annoncée ? Vous imaginez quelle peut être l'angoisse au sein de l'IRD.