Je souhaite évoquer trois autres points, si vous me le permettez. En premier lieu, le secteur privé n'est quasiment pas impliqué dans la recherche et développement au Sud. Celui-ci lui fait peur. Il est vrai aussi que les décisions du secteur privé (notamment dans l'industrie pharmaceutique) sont prises pour chaque grande région du monde. Or les régions qui gèrent l'Afrique du Nord ou l'Afrique n'ont généralement pas leur centre de décision en Europe : pour les grands laboratoires, elles englobent souvent l'Australie. En d'autres termes, rien ne se décide à Paris. Nous sommes en contact avec les décideurs des grandes compagnies pharmaceutiques internationales mais nous touchons rarement ceux qui décident pour le Sud. Plus globalement, ces acteurs ont vécu le développement des génériques et la coupure de la propriété intellectuelle comme une épreuve très difficile. Il existe donc un besoin pour le montage de partenariats privés dans le domaine de la santé, au-delà du VIH/Sida.
Je suis également frappé par l'absence de concertation entre les ministères. Il est bien difficile de savoir par exemple qui décide au ministère des affaires étrangères, où existent deux grands services, l'un chargé de la recherche et des universités et l'autre de la santé. Le ministère de la santé comporte une Direction des affaires internationales et s'appuie sur sa propre vision, en développant sa propre politique, sans nécessairement échanger avec le ministère des affaires étrangères. C'est la réalité que nous vivons au quotidien. Enfin, le ministère de la recherche, qui finance plus de la moitié de l'IRD et qui alloue 22 millions d'euros à l'Institut Pasteur, est finalement celui où la répartition des responsabilités est la plus claire. Nous y connaissons nos interlocuteurs. Il existe un réel problème pour la prise de décisions stratégiques dans ce paysage institutionnel en France.