Sidaction est une association créée en 1994 par un collectif de chercheurs soignants et de personnes directement touchées par le VIH. Nous avons dès le départ soutenu la recherche, via des appels d'offres que nous relançons tous les ans, et qui sont ouverts à toutes les disciplines de la recherche sur le VIH.
La force de Sidaction, c'est d'être un collectif réunissant tous les acteurs de la lutte contre le sida ; nous soutenons également des associations en France, et avons des partenaires dans les pays en développement, où nous aidons à des actions de terrain portées par les partenaires locaux.
Nous finançons des recherches à travers deux dispositifs. Le premier concerne l'aide aux équipes, leur fonctionnement, leur équipement et leur personnel technique. Le second consiste en des bourses à de jeunes chercheurs.
Ces deux types de financement sont ouverts à toutes les disciplines, de la recherche fondamentale en virologie et en immunologie, à la recherche clinique, en passant par la recherche en sciences sociales.
Les deux dispositifs représentent 3 millions d'euros annuels. C'est une contribution entièrement liée à la générosité publique, nos fonds étant à plus de 95 % issus de collectes auprès du grand public, via des opérations médiatiques comme Sidaction.
Un dixième de cette somme environ va dans des pays en développement, quand des chercheurs du sud sont associés à des chercheurs français, sachant que nous ne versons de crédits qu'à des récipiendaires français : le versement et la gestion des fonds sont toujours de la responsabilité d'un organisme français. Nous finançons uniquement des organismes publics ou des associations à but non lucratif traitant de recherche.
Nous avons cependant souhaité faire évoluer cette règle et, à partir de cette année, l'appel d'offres est ouvert à des demandes directes de structures du Sud, susceptibles de gérer directement les fonds sous réserve qu'elles apportent la preuve d'une expérience de gestion de fonds obtenus auprès de bailleurs internationaux. C'est une première et nous verrons si des structures en bénéficieront.
Globalement, en 2012, nous avons versé aux équipes de recherche 800 000 euros pour 65 projets, dont 130 000 euros pour dix projets significatifs se déroulant dans les pays en développement.
Nous intervenons essentiellement dans des pays francophones, mais pas exclusivement : Bénin, Cameroun, Mali, Maroc, République du Congo, Thaïlande, Togo. La seule condition est la collaboration avec une équipe française. Nous avons également des projets multipays.
Les bourses aux jeunes chercheurs représentent la majorité de nos interventions. En 2012, 2,4 millions d'euros ont été versés pour des contrats de travail de jeunes chercheurs. Les employeurs ont tous des structures en France.
En 2012, douze jeunes chercheurs ont reçu des fonds pour conduire des projets dans des pays en développement. Nous ciblons des profils à partir du doctorat, mais on y trouve aussi des post-doctorants. Nous finançons aussi, dans ce type de projet se déroulant en Afrique ou en Asie, des médecins qui ont déjà un parcours de praticien, mais s'orientant vers la recherche.
Dans les pays en développement, il s'agit essentiellement de projets dans le domaine des sciences sociales, de l'épidémiologie et de la recherche clinique. En revanche, la recherche fondamentale n'est pas représentée, bien que Sidaction finance majoritairement des projets de ce type. Ceci dépend des demandes qui viennent du terrain...
Quelques exemples de sujets de recherche dans le domaine des sciences sociales, qui est très vaste : dépistage, méthodes de calcul de l'incidence dans les différents pays, suivis de cohortes... Ces dernières années, plusieurs projets ont notamment traité de la prise en charge en milieu rural. Ces projets sont portés par Médecins sans frontières (MSF), qui s'adresse parfois à nous pour des cofinancements. D'autres sujets concernent les co-infections, comme l'hépatite et le paludisme, ou des évaluations médico-économiques à propos de la stratégie de traitement antirétroviral.
D'autres projets portent sur les problématiques liées à l'adolescence. Un des sujets prioritaires de ces dernières années est aussi la question de l'homosexualité, en lien avec la lutte contre le VIH en Afrique.
En matière d'appel d'offres, notre fonctionnement est, je pense, assez exemplaire. Nous travaillons avec un comité d'experts multidisciplinaires, tous bénévoles et choisis parmi les plus qualifiés dans leur domaine. Ils se réunissent deux fois par an pour examiner les demandes de financement. Une évaluation très spécifique est d'abord établie suivant le domaine de recherche des projets ; des rapporteurs sont attribués à chaque projet avant la discussion multidisciplinaire. Elle est très riche et donne lieu à un avis collégial, soumis à notre conseil d'administration, qui prend quant à lui la décision financière.
Nous soutenons deux autres projets importants en lien direct avec la recherche et les pays du Sud. Ainsi notre université d'été, créée par l'association Aides en 1995 et que nous organisons depuis 2005, est l'occasion pour des jeunes chercheurs du monde entier de se retrouver lors d'une formation francophone qui dure une semaine. Ce modèle unique de formation pluridisciplinaire s'adresse à de jeunes virologues, immunologistes, cliniciens, sociologues, anthropologues, qui commencent leur carrière dans la recherche sur le VIH. Ils y trouvent un contact avec des disciplines qu'ils ne connaissent pas, même les intervenants sont enthousiastes et souhaitent continuer à participer. L'édition 2013 se tiendra mi-octobre, dans le Sud de la France. Nous avons déjà sélectionné une douzaine de participants de pays en développement.
Enfin, le dernier projet dont je souhaite vous parler date un peu, mais a été évalué dernièrement, fin 2012. Il s'agit du projet « Informed Consent » - « Ethique dans la recherche » - visant à renforcer l'engagement communautaire dans les questions de recherche sur le VIH en Afrique subsaharienne. Il s'est déroulé entre 2006 et 2010 dans une dizaine de pays africains. Il a été soutenu en partie par l'Agence nationale de recherche sur le Sida (ANRS) et évalué dans quatre pays, fin 2012. Le rapport est à votre disposition si vous le souhaitez.