Madame Jouanno, au-delà de nos divergences politiques, je voudrais vous dire à quel point nous partageons, pour nombre d’entre nous, et moi la première, les objectifs qui sont les vôtres : lutter contre la prostitution et, plus généralement, contre tous les phénomènes de traite et de proxénétisme.
Vous avez utilisé hier le mot « meurtre » à juste titre, car c’est bien de meurtre qu’il s’agit : les femmes prostituées, esclaves sont des victimes que l’on tue à petit feu. Je souscris donc pleinement à vos objectifs.
Comme vous, je ne porte pas de regard méprisant sur ces femmes : je ne crois absolument pas qu’elles aient cherché ou désiré leur situation. Je pense qu’il y a effectivement une grande majorité de victimes parmi elles.
C’est précisément parce que je partage vos objectifs que j’émettrai, au nom de la commission des lois, un avis défavorable sur votre amendement. La responsabilisation, la pénalisation suscitent encore des débats. Je suis intimement convaincue que nous devons traiter le problème au fond, dans son intégralité, pour avoir la certitude d’agir avec efficacité et de ne pas aggraver encore, même à titre transitoire, la situation de ces victimes.
Je suivrai donc très attentivement le texte législatif dont nous serons saisis prochainement – Mme la ministre va nous le confirmer –, texte qui abordera toutes les dimensions du sujet, avec des études d’impact sur les dispositifs que nous voterons. Dans ces conditions, le projet de loi dont nous débattons aujourd'hui ne me semble pas le véhicule suffisant.
En tout cas, je vous remercie de porter ce débat avec constance au sein de la Haute Assemblée. Peut-être parviendrez-vous, et moi avec vous, à convaincre d’autres encore d’obtenir des avancées rapides sur ce dossier.