Intervention de Françoise Laborde

Réunion du 17 septembre 2013 à 21h30
Égalité entre les femmes et les hommes — Vote sur l'ensemble

Photo de Françoise LabordeFrançoise Laborde :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, ce débat fut d’une grande richesse. Il concernait l’une des plus justes et des plus nobles causes qui soient : l’égalité entre les femmes et les hommes. Nous la partageons.

Comment ne pas penser à toutes ces femmes qui se sont battues tout au long des XIXe et XXe siècles pour faire évoluer les mentalités et pour rendre à la femme toute la place qu’elle mérite dans notre société : la même que les hommes, ni plus ni moins ?

Mais le chemin est encore long. Malgré de nombreuses lois, les inégalités persistent dans les faits. Les chiffres sont éloquents : trente ans après la loi Roudy les femmes sont encore trop souvent confrontées à de grandes difficultés professionnelles : malgré un niveau de formation égal voire supérieur à celui des hommes, elles sont peu représentées dans les postes d’encadrement et constituent 82 % des travailleurs précaires. Cette situation n’est pas acceptable.

Beaucoup de progrès restent donc à faire. Il est ainsi nécessaire de dépasser les stéréotypes et de bousculer les mentalités. Réjane Sénac l’a très justement écrit : « Le sexisme est notre inconscient républicain, comme en témoigne l’article I de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : il affirme que les hommes naissent libres et égaux en droits mais ne s’est pas appliqué aux femmes pendant deux siècles, sans que cela ne soit perçu comme contradictoire avec le principe d’égalité ».

Les choses doivent changer. Ce texte, madame la ministre, avec les améliorations que nous avons pu y apporter tout au long de ces deux jours et deux nuits de débat, permettra une nouvelle impulsion.

S’agissant notamment du volet sur les violences faites aux femmes, ce texte va donner aux victimes les moyens de lutter, de sortir de cette spirale infernale dans laquelle elles sont malheureusement trop souvent enfermées. Madame la ministre, vous l’avez très justement dit hier, le domicile conjugal n’est pas une antichambre de non-droit. Les auteurs de violences conjugales doivent en prendre conscience, et les victimes de tels actes doivent enfin sortir de leur silence, ne plus préserver ainsi l’impunité de leur bourreau.

La généralisation du « téléphone portable grand danger », le renforcement de l’ordonnance de protection, la formation de l’ensemble des professionnels aux violences faites aux femmes, ou encore l’éviction du conjoint violent du domicile conjugal marquent véritablement une avancée.

La plupart des amendements adoptés constituent un progrès, et la navette parlementaire doit permettre d’améliorer encore le texte. Mon groupe se félicite tout particulièrement de l’adoption par le Sénat de son amendement visant à privilégier, dans l’intérêt de l’enfant, et quand cela est possible, la résidence alternée en cas de séparation des parents. C’est un signal fort que nous avons adressé dans le sens d’une plus grande égalité entre les pères et les mères.

En revanche, on peut émettre des doutes quant à une généralisation de la parité partout et à tout prix. Si les femmes doivent bien évidemment accéder aux postes à responsabilité, cela doit être d’abord pour leurs compétences. La sexualisation systématique n’est pas toujours la solution la plus efficace pour parvenir à l’objectif affiché, objectif que nous partageons au demeurant.

Aussi, pour toutes ces raisons, la majorité des membres du RDSE soutiendra ce texte.

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