Le Sénat, dont beaucoup de beaux esprits souhaitent la disparition – lui non plus n’est pas une institution moderne ! –, ou au moins l’affaiblissement, pourrait être visé par la création du Haut Conseil des territoires, qui est censé représenter les collectivités territoriales et dont la commission des lois du Sénat a heureusement limité les ambitions. On pourrait en faire un lieu de concertation : pourquoi pas, madame Gourault !
Par ailleurs, nous avions déjà dénoncé, en première lecture, la monstruosité technocratique de la conférence territoriale de l’action publique, dont les compétences portent directement atteinte au principe de libre administration des collectivités territoriales. Là aussi, il faut saluer l’action de la commission des lois, de son rapporteur et de son président, qui en ont fait un simple organe de concertation entre les différentes collectivités territoriales. Dans ce cadre, elle pourra jouer un rôle utile, à condition que l’on ne crée pas l’une de ces lourdes structures dont nous, Français, avons le secret.
Mais le volet le plus important de ce projet de loi a trait à « l’affirmation des métropoles ».
Le présent texte s’inscrit, il y a lieu de le rappeler, dans la continuité de la loi du 16 décembre 2010, qui avait été si critiquée par l’opposition d’alors. Une seule métropole a été créée à ce jour ; notre collègue Louis Nègre nous en parle volontiers, et avec conviction. Le terme de « métropole » est certes magique aux oreilles de certains, mais pour en instituer une, il faut tout de même respecter un seuil démographique minimum : il ne faudrait pas exagérer, car s’il devait y avoir des métropoles partout, il n’y en aurait plus du tout ! Dès lors, le projet de loi va dans le bon sens à cet égard.
L’Assemblée nationale, après le Sénat, a créé deux métropoles spécifiques, qui concernent les agglomérations de deux des plus grandes villes de France, hors Paris.
Un consensus réel a pu être trouvé pour Lyon, qui deviendra une collectivité locale de plein exercice, se substituant au département et à la communauté urbaine. L’Assemblée nationale a approuvé la position du Sénat. Reste à préciser les conditions financières de ce qui constitue une véritable innovation au regard de nos structures locales. Comme le disait tout à l’heure le président Sueur, la fusion des deux départements alsaciens et de la région en eût également été une si elle avait abouti.