Monsieur Buffet, j’ai bien entendu vos interrogations sur l’avenir des centres de formation de musiciens intervenant à l’école, et je vais donc tâcher de vous rassurer.
Comme vous le savez, le 29 avril 1983, les ministres chargés de l’éducation nationale et de la culture ont signé un protocole d’accord afin de développer une collaboration entre le service public de l’éducation et le secteur culturel. Dans le cadre de cet accord, des CFMI à l’école élémentaire et préélémentaire ont été créés. Au nombre de neuf, ils fonctionnent au sein de neuf universités françaises et sont habilités à délivrer le diplôme universitaire de musicien intervenant.
L’objectif de ces centres est de donner à des musiciens une formation spécifique, à la fois musicale, pédagogique et générale, leur permettant de travailler, dans le cadre de l’école élémentaire et préélémentaire, en collaboration avec les professeurs des écoles. Ces musiciens apportent donc leur collaboration aux enseignements et activités artistiques à l’école, leurs interventions ayant lieu durant le temps scolaire.
Leur formation comporte également une dimension de médiation culturelle qui accompagne, dans les grandes zones urbaines, les partenariats mis en place par diverses institutions. Au fil des années, il est apparu que les titulaires de ce diplôme exerçaient non seulement dans des écoles maternelles et élémentaires, mais également dans des écoles de musique ou des associations culturelles. Leurs compétences sont aussi reconnues par des établissements spécialisés tels que des crèches, des hôpitaux, des maisons de retraite, des centres pénitentiaires, etc.
L’article 10 de la loi du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République définit le rôle de l’éducation artistique et culturelle, qui participe au développement de la créativité et des pratiques artistiques. Je tiens à cet égard à vous rassurer : l’éducation musicale et les CFMI s’inscrivent pleinement dans le parcours d’éducation artistique et culturelle instauré par la loi. Ils constituent une richesse qu’il convient de ne pas négliger.
Comme vous le soulignez, la pratique musicale, et plus largement artistique, a des conséquences directes sur l’acquisition des fondamentaux de l’école ; elle permet également de mieux lutter contre l’échec scolaire. Ainsi, afin de réduire efficacement les inégalités et de favoriser un égal accès de tous les jeunes à l’art et à la culture, la loi du 8 juillet 2013 met en place un parcours d’éducation artistique et culturelle personnalisé tout au long de la scolarité des élèves, ce qui donnera à chaque enfant la possibilité de développer sa créativité, sa curiosité intellectuelle, sa sensibilité et son jugement esthétique.
Dans ces conditions, le rôle des CFMI doit être conforté, et nous avons d’ores et déjà défini le pilotage et le suivi du parcours d’éducation artistique et culturelle. De surcroît, les futurs enseignants, dans le cadre de leur formation dispensée au sein des écoles supérieures du professorat et de l’éducation, seront sensibilisés au travail avec d’autres acteurs que ceux de l’éducation nationale, notamment ceux qui sont issus des milieux culturels ou artistiques comme les musiciens du CFMI.
La refondation de l’école suppose une plus grande ouverture de l’établissement sur son environnement. La nouvelle organisation du temps scolaire dans les écoles maternelles et élémentaires ménage précisément des séquences consacrées à une activité culturelle, en lien avec l’environnement de l’école.
Les CFMI apparaissent donc comme des partenaires incontournables dans la mise en œuvre de l’éducation artistique et culturelle. Une réflexion commune des ministères chargés de l’enseignement supérieur, de l’éducation et de la culture va toutefois s’engager afin de conforter leur rôle dans la formation d’intervenants qui ont toute leur place dans la mise en œuvre des parcours d’éducation artistique et culturelle des élèves.
Vous le voyez, la loi d’orientation et de programmation est une bonne loi. Dommage que vous ne l’ayez pas votée…