Ma question concerne le dispositif d’affichage environnemental expérimenté entre juillet 2011 et juillet 2012 dans le cadre de la loi du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement, dite « Grenelle 2 », et qui devait faire l’objet d’un rapport d’évaluation, le Parlement pouvant être saisi en vue d’une éventuelle généralisation du dispositif.
Il apparaît que la méthodologie utilisée dans le cadre de cet affichage – l’analyse du cycle de vie – provient du monde industriel. Elle nous semble par conséquent totalement inadaptée au secteur agricole, d’autant qu’elle aboutit à des résultats qui relèvent du non-sens écologique : les produits les plus pénalisés sont ceux qui sont issus des systèmes d’élevage les plus extensifs, voire biologiques.
En se focalisant sur les émissions de méthane « tout au long de la vie » des ruminants et en ne tenant absolument pas compte des externalités positives, comme l’entretien des prairies, les viandes rouges issues de ces filières d’élevages herbagers se retrouvent « dernières de la classe » en matière d’impact environnemental. De même, l’affichage environnemental défavorise le « local », les impacts du transport étant négligeables par rapport à ceux de l’amont et de la production.
Le constat négatif est donc double.
En premier lieu, parce qu’il repose sur des méthodes non consolidées et des bases de données non fiables, l’affichage environnemental sera à l’origine d’une véritable désinformation du consommateur. Comment celui-ci percevra-t-il le fait qu’une viande étiquetée bio soit si mal « notée » sur le plan environnemental ?
En second lieu, l’affichage environnemental n’aboutira pas à une amélioration des pratiques en matière de préservation de l’environnement, puisque les méthodes sont encore trop peu fiables et simplistes pour servir d’outils d’amélioration dans les exploitations. Actuellement, elles conduiraient à abandonner l’herbe dans l’alimentation des ruminants pour qu’ils émettent moins de méthane, ce qui serait une aberration.
Ce sont donc les objectifs mêmes de la mise en place d’un affichage environnemental qui se trouvent « annulés » par ces limites méthodologiques.
Aussi, monsieur le ministre, je souhaiterais connaître vos intentions face à ce paradoxe écologique – ce n’est pas le seul, nous en connaissons beaucoup. N’est-il pas nécessaire de laisser le temps de la réflexion et de l’étude, pour aboutir à une information juste et utile pour le consommateur, plutôt que de se précipiter dans une mesure qui ne relèverait que du marketing et de « l’éco-blanchiment » ?