Monsieur Maurey, vous m’interrogez sur la question de la couverture en téléphonie mobile des territoires.
Comme vous, je constate que le groupe de travail auquel vous participiez, mis en place par le précédent gouvernement, n’a pas permis de trouver de solutions satisfaisantes en la matière.
Sur le fond, vous avez raison et je partage une bonne partie du constat que vous dressez. Toutefois, à mon sens, le problème de l’accès aux réseaux mobiles ne saurait se limiter à la seule question de la téléphonie, car cela reviendrait à avoir une vision trop étroite de ce qu’apportent les réseaux de communications à nos territoires, à nos concitoyens et à notre économie. La stratégie du Gouvernement en matière d’infrastructures se place dans un cadre plus large au travers du plan « France très haut débit » : il s’agit d’étendre progressivement les réseaux à très haut débit à chaque bourg, tout d’abord, en construisant les réseaux de collecte nécessaires, puis à chaque foyer.
Cette infrastructure à très haut débit en fibre optique, que nous construisons avec les opérateurs, les départements et les régions, servira également de support au renforcement des infrastructures mobiles sur l’ensemble de nos territoires. L’objectif du plan « France très haut débit » est de pouvoir apporter à tous, partout, de meilleurs services. À cet égard, nous devons avoir particulièrement à l’esprit les zones mal desservies aujourd’hui, que ce soit en haut débit fixe ou en téléphonie mobile.
Monsieur le sénateur, tout cela ne doit pas nous faire oublier que les réseaux de communication électronique sont non pas une fin en soi, mais un moyen de diffuser le numérique au bénéfice de nos concitoyens, de nos territoires et de nos entreprises.
Je suis d’accord avec vous : à quoi bon, au fond, afficher l’objectif du raccordement de tous nos concitoyens, la couverture de tous nos territoires, si nous ne faisons rien pour que chacun puisse en bénéficier, pour organiser la solidarité et l’inclusion de tous, en somme pour lutter contre la fracture numérique. C’est pourquoi j’ai demandé au Conseil national du numérique dans sa nouvelle formation élargie, c’est-à-dire comprenant le comité des assemblées et des territoires, lequel est composé de quatre parlementaires et de cinq élus locaux, de travailler sur la question centrale de l’inclusion numérique.
J’attends du Conseil national du numérique qu’il traite la problématique de l’inclusion numérique de façon étendue, au-delà de la fracture numérique et des problèmes d’accès, pour permettre la plus large diffusion des usages, et qu’il envisage la manière dont cet objectif peut être partagé avec les collectivités territoriales, qui sont les acteurs de proximité et les garants de l’inclusion, qu’elle soit sociale, générationnelle ou technologique.
Dans le cadre de ses travaux, le Conseil national du numérique a largement consulté, notamment les acteurs locaux. Son rapport devrait nous orienter prioritairement vers les besoins les plus forts et les plus immédiats pour que personne ne soit exclu des formidables avancées technologiques que nous connaissons. Aujourd’hui, la question principale à laquelle nous devons apporter une réponse est la suivante : comment permettre à chaque citoyen, sinon de participer, au moins de tirer avantage au quotidien des évolutions numériques de notre société ?
Pour relever ce défi, nous allons nous appuyer sur la montée en puissance des espaces publics numériques, qui vont bénéficier de 2 000 emplois d’avenir. Nous allons permettre à ces espaces de se renouveler en faisant évoluer leurs missions et en les soutenant fortement. Nous montrerons ainsi que le numérique n’est pas que l’affaire d’ingénieurs bac+5 ou bac+8. J’ai la conviction que, dans ce secteur plus que dans tout autre, les acquis personnels peuvent être un véritable tremplin pour des jeunes sans diplôme.
Ainsi se pose selon moi, au-delà de la seule question de la couverture en téléphonie, la question plus large et plus décisive de l’inclusion numérique de nos concitoyens.