Intervention de Marylise Lebranchu

Réunion du 4 octobre 2013 à 21h30
Modernisation de l'action publique territoriale et affirmation des métropoles — Article 31

Marylise Lebranchu, ministre :

J’entends les arguments de M. Favier et de ses collègues.

En tant que membre du Gouvernement, mais aussi à titre personnel, je suis absolument défavorable aux métropoles de type « stratégie de Lisbonne ».

Nous avons été clairs lors de la première lecture. Il ne s’agit pas pour nous de fabriquer de grandes « boîtes » rassemblant des millions d’habitants et captant des moyens. Il ne s’agit pas non plus de les mettre en concurrence les unes contre les autres, et ensuite d’abandonner les espaces interstitiels. C’est le résultat malheureux que l’on a constaté après la création des métropoles de Barcelone et de Madrid.

La France est très attachée à son polycentrisme.

Toutefois, 60 % de notre population est concernée par ce projet. Vous pouvez faire comme si les agglomérations ne se densifiaient pas, mais nous pouvons aussi essayer, avec l’ensemble de leurs élus, de rassembler ces agglomérations autour d’objectifs communs : objectif d’équilibre entre les territoires – en particulier pour Marseille, davantage encore que pour Lyon –, objectifs partagés également au sein même de la métropole.

Lorsque le Premier ministre a décidé de proposer la création de la métropole d’Aix-Marseille-Provence, ce n’était pas une lubie soudaine. Tous les ministres concernés se sont rendus sur place, et nous avons acté, avec les populations, qu’elles n’étaient pas satisfaites ni du logement ni des transports. Certains renonçaient à leur travail pour des questions de logement ou de transport.

Pour les populations elles-mêmes, il fallait prendre conscience des difficultés de fonctionnement.

Par ailleurs, les métropoles s’imposent comme acteurs capables de mettre en œuvre des objectifs d’intérêt général – intérêt auquel veille le Gouvernement. Parmi ces objectifs : l’enseignement supérieur, la recherche, le développement économique, le service public hospitalier.

Elles répondent également à des besoins à l’échelle de notre territoire national : Marseille comme porte européenne de la France, Lyon comme force d’équilibre entre Paris et Marseille.

Je prendrai un autre exemple, celui de Toulouse. Demander à Toulouse de prendre plus de responsabilités en matière de recherche et de développement pour l’aéronautique, ce n’est pas porter préjudice à Montauban. Au contraire !

Nous avons besoin de métropoles responsables. Elles seront peu nombreuses, mais devront fonctionner avec l’ensemble de leur territoire. C’est pourquoi nous avons été sages de conserver l’attribution du rôle de chef de file à la région. Cela garantit une cohérence entre la métropole et les territoires interstitiels.

Nous sommes sortis de cette conception dommageable des métropoles telle qu’envisagée dans la stratégie de Lisbonne. Nous sommes entrés dans une reconnaissance du fait urbain, une prise en compte des populations et une responsabilité des métropoles par rapport aux autres territoires sans CHU ni enseignement supérieur ni recherche. Ils auront la chance d’avoir à leur porte des métropoles qui puissent accueillir les étudiants, mais recueillir aussi les fruits de la recherche et du développement, sur leur propre territoire.

L’avis du Gouvernement est donc défavorable à cet amendement.

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