Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le président de la commission d’enquête, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, nous sommes tous sensibles au sport, d’une manière ou d’une autre, que l’on aime le regarder, encourager une équipe, ou bien que l’on s’y adonne régulièrement pour rester en forme.
Le sport pour toutes et tous, c’est un vecteur de dynamisme collectif et de santé. C’est également un moyen de diffuser des valeurs très positives, comme l’égalité des chances, le dépassement de soi, la solidarité et le respect des autres.
Toutefois, le sport peut présenter un côté sombre, objet de scandales financiers ou urbains. N’oublions pas, au demeurant, que le sport a souvent été employé par les dictatures, cherchant à asseoir leur puissance, au détriment de la santé des sportifs.
Ainsi, il est de la responsabilité de l’État de fixer les bonnes orientations stratégiques sans s’immiscer de manière trop autoritaire dans la vie des associations sportives.
Cela étant, s’il existe un sujet sur lequel la puissance publique doit se montrer intransigeante, c’est bien le dopage. Alors que la pratique sportive est globalement synonyme de santé et d’équilibre, le problème du dopage relève de l’exact opposé. Le revers de la médaille de nos champions, c’est le caractère inhumain et ultra-compétitif de la politique actuellement menée : il suffit d’observer l’ensemble des saisons de la plupart des championnats, leur durée et leur intensité, au détriment du repos et tout simplement des vacances des sportifs.
Nous devons sortir d’une logique de sport business qui a poussé à l’utilisation de méthodes contraires à l’esprit sportif, mises en lumière par les révélations particulièrement graves autour de la carrière de Lance Armstrong et le retrait de ses sept titres de maillot jaune du Tour de France, notamment. Le site Internet du Tour de France fait maintenant apparaître des trous dans le palmarès de l’épreuve, qui laissent l’observateur songeur.
Comme l’a très bien développé l’excellent rapport de nos collègues Jean-François Humbert, président de la commission d’enquête, qui n’est plus présent, et Jean-Jacques Lozach, rapporteur, qui, lui, est là, le dopage touche à la fois les professionnels et, de plus en plus, les sportifs amateurs, démontrant l’opacité et l’ampleur du trafic de produits dopants, que l’on peut considérer comme de réels stupéfiants au fort pouvoir addictif.
À l’échelle individuelle, les conséquences médicales peuvent être dramatiques. Overdoses, dépendance toxique, les risques encourus sont graves, d’autant plus que la pratique du dopage échappe à tout contrôle sanitaire, de l’élaboration des substances à leur vente, jusqu’à la prise par l’athlète, les substances dopantes étant parfaitement illégales.
Pourtant, par manque de coopération, les trafiquants ont souvent une longueur d’avance sur la police, la gendarmerie et la douane. Ces forces doivent davantage collaborer pour parvenir à démanteler ces réseaux d’acheminement clandestins.
Par ailleurs, les fédérations sportives et les agences régionales ou nationales de lutte contre le dopage rencontrent des difficultés organisationnelles, scientifiques et matérielles, notamment budgétaires, ainsi que l’indiquait notre collègue Michel Le Scouarnec.
Les fédérations peinent à mobiliser les moyens techniques suffisants pour organiser des contrôles appropriés, individualisés et inopinés. C’est pourquoi la réforme de l’AFLD, envisagée dans ce rapport, semble très souhaitable, afin de conférer à cet organisme les moyens humains et matériels de gérer de manière autonome son rôle de prévention, de contrôle et de sanction.
À l’échelle internationale, la question de la coopération à tous les niveaux est au cœur des préoccupations. Nous sommes souvent, comme le soulignait notre collègue Stéphane Mazars, à la pointe du combat, parfois au détriment de nos propres performances. Ce n’est certes pas le seul sujet, mais tous deux amoureux du sport et de notre pays, nous y sommes également sensibles ! §
Une entente entre les fédérations nationales est nécessaire pour soulager des calendriers de compétition et en ralentir le rythme, pour répartir raisonnablement la responsabilité des contrôles lors des compétitions, et pour harmoniser – c’est très important – les sanctions à travers les disciplines et les pays.
J’ajouterai qu’une révision de l’organisation mondiale du sport est souhaitable afin de l’orienter dans un sens moins mercantile et d’encadrer le financement et la gestion des fédérations sportives nationales.
Pour les écologistes, la pratique de la compétition à un haut niveau de performance n’est pas forcément contradictoire avec une vision humaniste et coopérative. Certains de mes collègues écologistes se sont fait une spécialité de l’opposition aux subventions sportives, ce n’est pas mon cas. Étant moi-même un amoureux du Paris-Saint-Germain