Intervention de Aurélie Filippetti

Réunion du 16 octobre 2013 à 21h30
Débat sur la place des femmes dans l'art et la culture

Aurélie Filippetti, ministre :

C’est le moment des actes qui est venu.

Par ailleurs, j’ai souhaité que mon administration soit exemplaire. J’ai évoqué les nominations aux postes de DRAC – parce que l’égalité entre les femmes et les hommes doit commencer par le ministère et ses opérateurs.

Je souhaite que nous allions au-delà des objectifs de la loi Sauvadet.

En outre, j’ai pour ambition d'atteindre, le plus vite possible, la parité dans les conseils d'administration des opérateurs du ministère et les commissions consultatives dont je fixe la composition.

À cette fin, je m'engage devant vous à ce que, lors des renouvellements des personnalités qualifiées dans les conseils d’administration et dans les commissions consultatives du ministère, les nominations prennent pleinement en compte cet objectif d'arriver rapidement à la parité.

Pour cela, nous constituons des viviers exhaustifs dans tous les corps concernés par les postes de direction, en repérant les talents dans tous les domaines et en organisant, le cas échéant, des formations adaptées – qui peuvent d’ailleurs bénéficier aussi bien aux hommes qu’aux femmes.

Ces mesures répondent à un grand nombre de vos recommandations. Je voudrais revenir sur l'une d'elles en particulier : celle qui porte sur la signature d'une « charte pour l'égalité », qui engagerait les signataires à exercer une vigilance sur les stéréotypes, à favoriser la production des femmes et à veiller à une représentativité équilibrée des femmes dans les organigrammes.

Sachez qu'une Charte pour l'égalité hommes-femmes dans le secteur du cinéma vient d'être signée, le 10 octobre, au ministère de la culture et de la communication, avec la ministre des droits des femmes, en présence des deux premières signataires de la Charte : Frédérique Bredin, présidente du CNC, et Véronique Cayla, présidente d'Arte et marraine de l'association Le Deuxième Regard, à l'initiative de cette Charte.

Notre politique commence à porter ses fruits. Quelque chose est en train de bouger dans le paysage culturel français.

Je remercie Pierre Laurent de l’avoir rappelé : dans les prochains mois, va se poser la question des femmes dans les annexes VIII et X concernant l’indemnisation du chômage pour les intermittents du spectacle.

La question des « matermittentes » – c’est un assez joli mot pour une réalité souvent dure pour ces femmes – doit être spécifiquement prise en compte. J’y veillerai particulièrement. C’est un enjeu prioritaire, qui doit faire l’objet d’un traitement à part entière.

Enfin, il est aujourd’hui inadmissible que la France réserve encore à certaines femmes le sort que l'histoire a réservé à celles qui ont écrit certaines des plus belles pages de notre littérature ou de notre histoire.

On se souvient toujours d’Elsa Triolet en l’associant à Louis Aragon – ils formaient évidemment un très beau couple, littéraire et personnel. Mais elle était également un écrivain d’immense talent récompensé par le prix Goncourt. C’était une femme de conviction ; elle s’est battue pour la lecture publique. Je suis heureuse d’avoir inauguré très récemment, dans ma circonscription, en Moselle, une bibliothèque médiathèque théâtre nommée la Maison d’Elsa.

Dans ses Fragments autobiographiques, Elsa Triolet consignait ces mots : « Les femmes, c'est l'avenir du monde. Leur force n'est pas découverte, mais est-ce que l'électricité a toujours été connue ? Elle remuera encore des montagnes, cette force. »

Pour conclure, les femmes c’est la culture et l’électricité. C’est une force qui remue les montagnes. Ne permettons pas qu’elle demeure invisible. Il y va de l’avenir du monde. §

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion