Intervention de Jean-Yves Le Drian

Réunion du 21 octobre 2013 à 14h45
Programmation militaire pour les années 2014 à 2019 — Demande de réserve

Jean-Yves Le Drian, ministre :

Ce type l’expression, que vous avez reprise, même si j’ai bien compris que telle n’était pas votre appréciation, verse dans la caricature, et c’est dommageable. Ça l’est d’autant plus que ces propos émanent de personnes qui revendiquent une histoire personnelle dans l’armée. Cela étant, j’entends bien que la qualité ne suffit pas et qu’il faut également la quantité…

Une question a été posée sur l’aviation de chasse, et plus particulièrement sur Dassault. Le projet de loi de programmation prévoit la commande de 26 Rafale. Il prévoit également le développement d’un nouveau standard pour le Rafale, le F3R, pour un montant supérieur à 1 milliard d’euros, qui contribuera à l’activité de l’industriel. S’y ajoutent, je l’ai dit ce matin, les études sur l’UCAS, la génération des drones de combat futurs, à horizon de 2030. Enfin, je viens de décider la rénovation des avions Atlantique 2, qui sera faite en lien avec Thales.

Par ailleurs, la situation semble aujourd’hui plus favorable à l’exportation d’appareils dans deux ou trois pays, dont la maturité de la décision semble proche. Je suis relativement optimiste. Je ne fixe pas de date, mais le mouvement va dans le bon sens.

Toujours au sujet de l’aviation de chasse, je tiens également à dire que le présent projet de loi de programmation tend à permettre la rénovation des Mirage 2000D. Il y aura bien, un jour, une cinquième tranche de commandes de Rafale, même si elle ne figure pas dans le projet de loi de programmation. Il y a une vie après le Mirage 2000D !

En ce qui concerne le drone, j’ai suivi les recommandations du Sénat. Cela n’empêche pas qu’il y ait urgence à ce que les Européens se mettent d’accord pour la construction de drones de nouvelle génération, à l’horizon de 2022 ou 2024. Nous souhaitons vraiment, et les industriels français aussi, être en mesure de produire un drone de nouvelle génération à l’échelle européenne. Je souhaite, comme vous, mesdames, messieurs les sénateurs, que le Conseil européen de décembre fasse une ouverture à ceux qui voudront bien y contribuer. C’est un point essentiel !

J’ai également noté l’observation relative à l’alerte spatiale. C’est un sujet qui mériterait une discussion assez approfondie en commission de la défense. Je suggère que son président en prenne l’initiative. Le temps me manque aujourd’hui pour aborder à fond cette question, mais elle me paraît très opportune.

Plusieurs orateurs ont parlé de l’Europe et de l’OTAN, notamment Mme Demessine et M. Chevènement. En la matière, nous avons appliqué le rapport Védrine, qui recommandait de prendre toute notre place dans l’OTAN, sans complexe, et donc peser davantage sur les orientations prises, tout en adoptant une approche pragmatique en Europe.

Aujourd’hui, d’après ce que je vis, je considère que nous y parvenons. Une réforme de l’Alliance – de son fonctionnement comme de ses agences – est en cours. Nous avons une plus grande place dans la structure de commandement. Nous avons maintenu en permanence notre autonomie stratégique, de décision, de renseignement et d’exécution. Les différents conflits qui ont été évoqués le démontrent.

Durant cette période, nous avons également tenu à fournir des efforts importants en faveur de l’Europe de la défense. Nous avons tenu à faire en sorte que du Conseil européen de décembre puissent déboucher des projets concrets et pragmatiques, dans les domaines capacitaire, opérationnel et industriel, afin de renforcer l’Europe en matière de défense. Ce mouvement est en cours, et il me paraît plutôt positif. Dans le même temps, j’ai le souci du pragmatisme : dans l’Europe de la défense, comme ailleurs, nous devons garder fidèlement, scrupuleusement et en permanence notre autonomie stratégique et de décision, y compris dans une opération ou dans une situation de conflit. Ce faisant, je réponds aussi à M. Pozzo di Borgo, qui m’interrogeait à ce sujet.

Je voudrais vous remercier, monsieur Berthou, de vos observations sur le renseignement et la cyberdéfense. C’est l’un des nouveaux sujets abordés par le projet de loi de programmation militaire. Ces questions ont beaucoup plus d’importance aujourd’hui qu’elles n’en avaient en 2008. Vous avez bien voulu soutenir ces dispositions, dont nous aurons sans doute l’occasion de reparler tout à l’heure.

Je voudrais dire à M. Gautier que j’ai apprécié ses observations et que nous partageons ses interrogations. Ses suggestions sur la manière de desserrer l’étau budgétaire ne me sont pas étrangères. Il n’a cependant pas énuméré les contraintes que nous rencontrerions si nous voulions suivre ses propositions, mais je les ai bien en tête.

Je suis soucieux que nous disposions de pièces de rechange, sujet dont M. Roger a également parlé en évoquant la préparation opérationnelle. Il est nécessaire d’améliorer et de renforcer le dispositif, voire de réorganiser la chaîne de soutien, y compris pour les missiles et les munitions.

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