Vous l’aurez compris, la GUL est une avancée législative majeure, parce qu’elle défend des principes de justice et les ancre dans la réalité de la vie quotidienne. Je postule que, dans quelques années, cette mesure qui suscite aujourd’hui des débats fera partie de notre patrimoine de droits républicains précieux. C’est à vous, comme chaque fois que la République fait progresser certains droits, qu’il revient d’accomplir ce pas en avant.
Je le répète, favoriser l’accès au logement pour tous est l’objectif de ce projet de loi. À cet égard, je tiens à mettre en exergue devant vous deux enjeux essentiels auxquels tend à s’attaquer le projet de loi : l’orientation de la politique d’hébergement vers le logement, d’une part, et la prévention des expulsions, d’autre part. Je suis ici parfaitement lucide : ces dispositions n’auront rien de magique ni d’instantané. Elles n’en sont pas moins capitales.
En effet, depuis trop longtemps, les secteurs de l’hébergement et du logement fonctionnent comme deux ensembles distincts, deux mondes étrangers qui ne communiquent pas ou du moins pas assez. Or cette séparation condamne les personnes les plus en difficulté qui n’ont pour quotidien que des aller et retour entre la rue et les centres d’hébergement. Les mesures du projet de loi consacrées aux services intégrés d’accueil et d’orientation et aux plans départementaux d’action pour le logement et l’hébergement des personnes défavorisées ont le mérite de construire les ponts pour rapprocher ces secteurs. L’hébergement est un moyen, lorsqu’il est nécessaire, mais le logement demeure l’objectif primordial, assorti d’un accompagnement adapté aux personnes qui ont besoin d’un soutien avant d’être à même de vivre de manière autonome.
Une articulation plus fine entre ces mondes de l’hébergement et du logement permettra, j’en suis convaincue, de favoriser l’accès et l’insertion durable dans un logement digne et adapté des personnes les plus démunies.
Le second enjeu que je mentionnais est celui de la prévention des expulsions. Améliorer les dispositions en la matière signifie contribuer à enrayer la mécanique de l’exclusion et agir pour anticiper les ruptures.
En période de crise, cette réalité se pose avec d’autant plus d’acuité. Le chemin qui mène à l’expulsion n’est pas si long, le décrochage peut être brutal et pousser n’importe quelle personne, fragilisée par la vie pour une raison ou une autre, dans la rue ou vers des solutions très précaires d’hébergement. La perte du logement est souvent synonyme de fêlure, de brisure des liens sociaux et même familiaux. C’est un effondrement, une humiliation, une blessure terrible pour celle ou celui qui la subit.