Intervention de Thierry Foucaud

Réunion du 22 janvier 2009 à 9h30
Loi de finances rectificative pour 2009 — Article 1er

Photo de Thierry FoucaudThierry Foucaud :

Cet article 1er représente un sérieux « appel du pied » aux collectivités locales pour les inciter à réaliser un maximum de dépenses d’équipement dans le courant de l’année 2009 et participer ainsi à la relance de l’activité économique.

Comme nous l’avons vu, il soulève un certain nombre de questions.

La première d’entre elles est liée au fait que cet article est proposé dans un cadre très contraint, s’agissant des relations entre l’État et les collectivités locales, de sorte que la moindre anticipation de remboursement du FCTVA pèsera par la suite.

On ne peut que pointer le caractère tout simplement injuste de l’encadrement des dotations budgétaires de l’État aux collectivités locales. En effet, chaque dotation a son économie et sa logique propres, et toute approche globalisante est négative du point de vue des élus locaux.

Davantage de dotation globale de fonctionnement pour l’intercommunalité, c’est moins de dotation de solidarité urbaine, de dotation de solidarité rurale ou encore de dotation de compensation de la taxe professionnelle. Ce peut être aussi moins de dotation globale d’équipement !

En fait, l’enveloppe normée et fermée des concours de l’État aux collectivités locales constitue à elle seule un système, au sens de l’approche systémique. La moindre évolution affectant un élément de l’ensemble interagit évidemment sur les autres. On l’a bien vu avec la malheureuse dotation de compensation de la taxe professionnelle, qui est devenue une variable d’ajustement de l’enveloppe en 1995 et n’a cessé de diminuer au fil du temps, jusqu’à perdre les deux tiers de son « pouvoir d’achat ». Au demeurant, tout donne à penser que cette dotation risque fort de disparaître avant même que la taxe professionnelle ne soit réformée !

Une deuxième question concerne le problème de la convention passée entre l’État et les collectivités locales.

L’article tel qu’il nous est soumis précise que l’aide prévue sera mobilisée au travers d’une convention dont le contenu doit être rapidement défini par les assemblées délibérantes des collectivités locales.

Nous estimons que ce dispositif porte atteinte au principe constitutionnel de libre administration des collectivités locales, dès lors que sont en cause les choix de gestion des élus locaux. Ceux-ci devront, en quelque sorte, justifier les investissements qu’ils feront et préciser les opérations qu’ils s’apprêtent à mener.

Cela nous amène naturellement à reprendre à notre compte la proposition qui a été formulée par les associations d’élus et qui vise à considérer le seul volume des investissements, sans préciser le contenu et la nature de ces opérations.

Se pose, troisièmement, la question de la disparition pure et simple du décalage de remboursement du FCTVA, selon la nature des collectivités.

Comme chacun le sait ici, les groupements intercommunaux ne supportent aucun délai de remboursement dans ce domaine, tandis que les communes, les départements et les régions doivent attendre. Comment justifier le maintien de cette disposition, qui, si je ne m’abuse, date de 1992 et a constitué une sorte de « prime à l’intercommunalité » ? À dire vrai, plus grand-chose puisque les collectivités locales, confrontées à d’évidentes difficultés en termes de capacité de financement, sont avant tout à la recherche d’une dotation prenant véritablement en compte la réalité de leurs dépenses d’équipement.

Quelles sont, aujourd’hui, les communes ou les structures intercommunales capables, dans le contexte d’aggravation de la crise économique et sociale de ce début d’année 2009, de prévoir qu’elles vont accroître leurs dépenses d’équipement ? Je n’en connais guère ! Peut-être s’agit-il de collectivités où la pression de la crise sociale n’est pas assez forte pour consommer largement les capacités financières locales ? Mais nous ne voulons pas voter un article dont l’application se limiterait à la future communauté urbaine de Nice, aux villes de Neuilly-sur-Seine, Courbevoie ou Puteaux, toutes villes dont le potentiel financier est suffisamment fort pour leur permettre de « passer à travers les gouttes » de la crise économique.

Pour ma part, je connais très bien une commune qui va perdre 500 000 euros par an de recettes sur le foncier bâti à cause du départ de deux grosses entreprises et qui se trouvera en fait pénalisée deux fois : une première fois du fait de la disparition ces entreprises et une seconde fois parce qu’elle ne pourra pas bénéficier du dispositif prévu à l’article 1er, étant trop pauvre pour engager à l’avenir des dépenses supplémentaires, même si cela est nécessaire pour satisfaire les besoins de la population.

Fin du décalage du versement du FCTVA, respect du principe de libre administration des collectivités locales, indépendance de l’évolution de la dotation : voilà ce qui, à notre avis, doit figurer dans cet article 1er. C’est le sens des amendements que nous avons déposés.

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