Intervention de Yannick Vaugrenard

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 23 octobre 2013 : 1ère réunion
Audition de M. Philippe Chalmin économiste et historien sur les perspectives des marchés des matières premières

Photo de Yannick VaugrenardYannick Vaugrenard :

La crise des subprimes est survenue sans qu'il y ait eu beaucoup d'alertes.

Nous aurions pu avoir la même discussion voilà trente ou quarante ans, mais avec une différence de taille : le monde ne se limite plus à l'Occident. Avant, il n'y avait que nous et nous ne nous préoccupions pas des autres. Dorénavant, vous l'avez dit, il y a la Chine. Il faut également tenir compte de l'évolution très importante du Brésil et, au-delà, de l'ensemble de l'Amérique latine, ainsi que de l'Afrique, même avec ses fortes incertitudes démocratiques.

À mes yeux, le fait majeur des vingt dernières années, c'est aussi l'évolution considérable qui s'est produite au niveau géopolitique. Il est possible d'imaginer que cela puisse encore bouger très rapidement. Personne n'avait prévu le Printemps arabe. Au Qatar, en Arabie saoudite, pour ne citer qu'eux, il y a bien un jour où les hommes et les femmes exerceront leur droit de révolte.

Finalement, il est plus facile et rassurant sur le plan économique et financier, aux yeux de l'Occident et de l'ensemble de l'économie mondiale, que les régimes en place dans de tels pays se maintiennent au pouvoir. Mais il y a bien un moment, même s'il est difficile de prévoir dans quel contexte cela aura lieu, où la situation évoluera.

À l'heure où la spéculation continue malgré tout de se développer, un élément s'impose à notre réflexion : le monde doit probablement s'organiser beaucoup plus qu'il ne le fait aujourd'hui, au niveau tant de l'Organisation mondiale du commerce, du Fonds monétaire international, de l'Organisation des Nations unies, avec les limites qu'on lui connaît, que des démocraties. Sinon, rien ne se régule, tout est possible, et c'est la pire des choses.

Aujourd'hui, la grande ambition des démocraties doit être de promouvoir une meilleure organisation de notre économie mondiale, qui puisse s'asseoir sur des réflexes et une approche démocratiques qui ne sont pas toujours évidents.

À défaut d'agir en ce sens, tous ces hommes et, surtout, toutes ces femmes qui souffrent d'une absence de démocratie pourraient bien donner un coup de pied aux fesses de ceux qui n'auraient pas pensé suffisamment tôt à s'organiser.

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