Contrairement à ce qui est dit, la spéculation financière ne modifie en aucune manière les évolutions des prix à moyen et long termes. De multiples comparaisons ont été faites entre les différents types de marchés, dérivés, donc financiers, d'un côté, purement physiques, de l'autre. Qu'il s'agisse du minerai de fer, du cuivre, du blé ou du riz, la volatilité sur de tels marchés est souvent plus importante que celle sur les marchés financiers, justement parce qu'il n'y a pas cette même capacité d'anticipation que sur les marchés de spéculation financière.
Je sais que cela choque. D'ailleurs, vous avez voté dans la dernière loi bancaire l'interdiction de jouer sur les marchés agricoles. Permettez-moi de vous le dire, c'est, pour moi, de la sensiblerie mal placée. Paradoxalement, plus il y a de spéculation, plus efficient est le marché : le terreau de liquidités étant beaucoup plus large, personne ne peut l'influencer.
Je me souviens de Michel Rocard disant, au printemps 2008, au moment de la flambée des prix : « C'est très simple, il faut fermer les marchés. » Vous pouvez casser le thermomètre ; il fera toujours aussi chaud, ou aussi froid.