Absolument. Un aléa existe : ce sont des territoires très élevés en altitude. Les Russes ont trois semaines de retard dans leurs semis de blé, en raison de pluies abondantes. Or l'hiver arrive. Les premiers grands froids représentent toujours un moment très important dans l'année. Si la vague de grand froid arrive après la neige, le matelas neigeux est suffisant et les graines ne gèlent pas, même à - 10°C. Dans le cas contraire, quand la neige ne joue pas son rôle protecteur, le sol gèle, il n'y a plus rien et il faut ressemer ce que l'on appelle les blés de printemps, avec des rendements beaucoup plus faibles.
Nous parlons là de zones, à l'instar du tchernoziom, ou « terres noires », d'Ukraine, qui ont des potentiels extraordinaires. L'Ukraine devrait être cette année le deuxième exportateur mondial de blé. Voilà une heureuse nouvelle car, à l'autre bout de la Terre, les vagues de chaleur vont avoir raison des récoltes en Australie. À terme, la production y est menacée. Si vous voulez vous faire une idée de la réalité du réchauffement climatique, allez en Australie : avec une sécheresse tous les ans, ce n'est plus un accident, c'est une mutation climatique structurelle. Je ne m'y connais pas assez sur le sujet pour me lancer dans le débat mais je peux affirmer qu'un producteur très fiable comme l'était l'Australie risque véritablement de disparaître peu à peu.
Je suis relativement optimiste sur le blé. Le développement du marché à terme de Paris est une très belle réussite. La cotation du blé « FOB Rouen » est devenue la deuxième cotation mondiale de référence, après Chicago. Point très important à retenir : les blés de la mer Noire se cotent par référence à Rouen aujourd'hui, plus qu'à Chicago ou au Golfe.