Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, les membres du groupe que je représente adoptent souvent des positions extrêmement diverses, ce qui rend les explications de vote relativement difficiles. Il est assez rare que l’unanimité s’y manifeste, à une unité près, si j’ose dire : vous comprendrez, dans ces conditions, pourquoi m’incombe la responsabilité de donner cette explication de vote !
Mon intervention s’inscrira dans le droit fil des propos tenus par M. Fortassin et M. Collin sur le plan de relance. Je rappellerai toutefois que, à l’occasion de l’examen du plan de soutien aux banques, nous nous étions déjà ralliés à la position du Gouvernement, estimant que, lorsque la maison brûle, il faut renoncer à toute considération partisane.
Compte tenu des chiffres astronomiques annoncés de toutes parts, les 23 milliards d’euros du plan de relance peuvent a priori paraître bien modestes, surtout rapportés aux 800 milliards de dollars d’aides du gouvernement américain. Je pense cependant que, en l’occurrence, le Gouvernement fait preuve de sagesse en choisissant d’aller à pas comptés. Il sera toujours temps, par la suite, de réévaluer la situation, en tenant compte de certains facteurs, tels que le déficit public ou les stabilisateurs sociaux, spécifiques à chaque pays européen.
Je terminerai cependant en soulignant la pusillanimité dont fait souvent preuve le Gouvernement, s’agissant en particulier du problème de la dette publique. Quand on songe que, voilà trois ans – M. Arthuis le rappelait à l’instant –, on vendait les « bijoux de famille », par exemple un ministère rue de Varenne ou une maison des Ponts et Chaussées, pour récupérer 3 ou 4 misérables milliards de francs et que, entre-temps, la dette a augmenté de 150 milliards de francs, on peut légitimement s’interroger…
Cette pusillanimité, j’ai eu l’impression de la retrouver en lisant Le Monde : M. le ministre chargé du budget y explique que le déficit public, qui s’établit aujourd’hui à 4, 4 % du PIB, soit 86 milliards d’euros, sera ramené à 3, 1 % l’an prochain et à 2 % dans deux ans. Si je comprends bien, monsieur le ministre, 20 ou 30 milliards d’euros de déficit seront effacés en un exercice budgétaire !
La vérité, c’est que la crise sera longue et qu’il est difficile, dans le brouillard où nous sommes aujourd’hui, de prévoir ce qui se passera. Je crains d’adhérer, pour ma part, à l’opinion de cet économiste qui affirmait que tout se réglera dans quelques années par l’inflation, au détriment bien entendu des salariés, des titulaires de revenus fixes – cette inflation que combattait, il y a cinquante ans, Pierre Mendès-France.