Mes chers collègues, pour ma part, je me conterai de faire un rappel, que je compléterai néanmoins par un vœu.
En 1945, quand la France comptait dix à douze fois plus d’agriculteurs qu’aujourd’hui, tous visaient un seul et même objectif : constituer un tissu mutualiste ! Ainsi, dans toutes les communes de notre pays, qu’elles comptent 30 ou 20 000 habitants, un délégué était chargé de représenter l’ensemble des exploitants. C’est cela, le mutualisme !
Le nombre d’agriculteurs a considérablement baissé du fait des restructurations qu’a connues le monde agricole ; la mécanisation, en particulier, a entraîné des bouleversements considérables. L’évolution que le monde agricole a connue au cours des cinquante dernières années a été au moins aussi profonde que celle qu’il avait subie depuis le début du XIXe siècle.
Madame la ministre, je vous parle simplement, en tant qu’ancien agriculteur d’une zone de montagne. Aujourd’hui, Dieu merci, il n’y a pas de terre sans hommes, mais il y a des hommes qui livrent un combat permanent. Pourquoi ? Parce que, aujourd’hui, le régime forfaitaire de la MSA n’existe plus. Le seuil qui permettait d’en bénéficier ne correspond plus qu’à ceux qui sont dans un insoutenable état de précarité.
Le débat autour de cet amendement m’amène à rappeler qu’un tissu mutualiste existe encore en France, même s’il n’a plus le même aspect qu’il y a seulement dix ans. La mutualité sociale agricole n’a pas échappé à une évolution qui la conduit à ressembler aujourd’hui à une grande administration. Auparavant, chaque département bénéficiait d’un service spécifique, et nous connaissions personnellement le responsable de chaque secteur.
La MSA devient une grande maison, mais il nous revient de tout faire pour qu’elle garde sa vocation mutualiste, c'est-à-dire pour qu’un homme de la France d’en bas – une formule qui vous est chère, monsieur le président – bénéficie de la crédibilité indiscutable d’un organisme national.
Voilà ce que je tenais à dire en cet instant, et j’espère que vous me pardonnerez le caractère improvisé de cette intervention spontanée !