Intervention de Pierre Gattaz

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 6 novembre 2013 : 1ère réunion
Audition de M. Pierre Gattaz président du medef

Pierre Gattaz, président du Medef :

La formation professionnelle est une priorité : nous avons engagé des négociations afin de simplifier le système, de réduire les coûts. Nous devons répondre aux besoins des entreprises : 400 000 emplois par an ne sont pas pourvus. Nous voudrions qu'au moins un quart des demandes soient pourvues d'ici cinq ans. Créé par Vincent Peillon, le Conseil national éducation-économie, dont je suis membre, permettra de rapprocher ces deux mondes. Enfin, le Medef a récemment fait onze propositions pour que l'apprentissage se développe dans notre pays. Nous voulons cogérer avec les régions et avec l'éducation nationale les métiers de demain.

Le coût de la normalisation ? C'est une folie d'avoir 85 codes et 400 000 normes ! La RT2012 a induit une incroyable complexité dans le bâtiment et les travaux publics : le surcoût de cette règlementation thermique s'élève à 17 %. L'arrêté sur le calcul de l'énergie fait 1 250 pages ! Cet environnement est kafkaïen : je compte sur le choc de simplification pour inverser la tendance. Les Anglo-saxons et l'Europe du Nord connaissent les mêmes problèmes que nous (handicapés, coût de l'énergie...), mais ils fixent des objectifs plutôt que de multiplier les normes et de procéder à des contrôles administratifs.

Le coût de la protection sociale s'amplifie et nous sommes coresponsables de cette dérive. Nous avons créé des groupes de travail pour mieux gérer le paritarisme. Si nous ne faisons rien, le déficit de l'assurance chômage s'élèvera à 40 milliards. Nous devons trouver des solutions intelligentes et humaines pour régler cette question.

Nous devons aider les chefs d'entreprise à exporter. Nous allons essayer de généraliser Acamas, programme national d'aide à la stratégie pour les PME de la mécanique. Les groupes APM (Association progrès du managment) pour la formation des patrons vont se développer. Le projet Stratexio à l'exportation, porté par Jean Claude Volot, est une de nos priorités : exporter plus et mondialiser notre économie.

L'entreprise est un être vivant : elle naît, se développe, vit et meurt. Une entreprise, c'est une adaptation permanente entre deux tapis roulants : les clients et les marchés mais aussi les technologies et les sciences. Malgré des stratégies brillantes, des entreprises déclinent et meurent : regardez Nokia, Alcatel-Lucent... La flexisécurité est au centre de cette adaptation : l'accord national interprofessionnel sur la compétitivité et la sécurisation de l'emploi (ANI-I) a permis d'avancer, mais le patron français a encore peur d'embaucher, tandis que le salarié craint pour son emploi. Pour réduire cette double peur, il faut accroître l'employabilité de nos salariés. Dans ma société, la formation permanente est une de mes priorités, car en cas de difficulté économique, mes salariés pourront retrouver rapidement un emploi. Nos concitoyens doivent accepter l'idée qu'ils auront peut-être plusieurs employeurs au cours de leur carrière. Une fois que l'ANI-I se sera mis en place, pourquoi ne pas envisager un ANI-II ?

Nous avons une part de responsabilité dans la dérive des comptes sociaux, mais nous ne sommes pas seuls autour de la table. Nous ne voulons pas de déficits supplémentaires, car nous sommes des gestionnaires avant tout.

J'ai regretté la suppression de la TVA sociale. La droite comme la gauche doivent en finir avec les mesures politiciennes : l'enjeu, c'est le pays, les entreprises, l'emploi. Parfois en France, des mesures dogmatiques font des dégâts considérables à l'économie. La TVA sociale a été mise en place trop tard par le gouvernement précédent, mais elle permettait de régler le problème posé par la branche famille.

Vous m'avez interrogé sur mes priorités : il faudrait transférer le coût de la famille sur deux ou trois points de TVA et un point de CSG en trois ans, ce qui permettrait de financer les 36 milliards dévolus à la famille. La fiscalité de la consommation en France est la plus faible d'Europe, alors que celle sur le travail est plus élevée et celle sur le capital encore plus. Nous connaissons une sorte de mononucléose de la fiscalité : la plupart des pays européens qui s'en sortent bien ont une fiscalité de la consommation plus élevée, comme les pays du Nord où le coût du travail est moins élevé et le coût du capital encore moins élevé.

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